Le sexisme chez les élus ? Un sport national où arrivent Mélenchon et Macron en tête. Et ils ne vont certainement pas se targuer de cette première place. 

Ce week-end,  l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique a décidé de remettre des prix un peu spéciaux. Il s’agit des mauvais élèves en matière de comportements sexistes. L’événement, qui s’appelle « Ça va bien se passer », organisé le 25 novembre, en référence à la sortie de Gérald Darmanin face à Apolline de Malherbe sur BFMTV, le 8 février 2022, décernait des trophées aux personnalités publiques qui ont fait preuve d’entre-soi et qui ont participé au sexisme ambiant observé ces derniers temps dans la sphère politique, ayant des répercussions sur les questions de violences sexuelles et sexistes au sein de la société.

31 nommés pour sept prix

L’objectif de cette soirée ? « montrer la variété des comportements sexistes en politique », a expliqué Mathilde Viot, cofondatrice de l’Observatoire, sur France Inter. Au total, sept prix ont été décernés tout au long de la soirée organisée à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ont donc été récompensés – ironiquement – les hommes politiques « qui ont su faire œuvre d’imagination et de créativité pour pouvoir s’en sortir, aidez les autres et rétablir de toutes leurs forces l’image de leur virilité que l’on cherche injustement à écorner », explique, sourire en coin, l’Observatoire.

En tout, 31 personnalités politiques, tous partis confondus, ont été nommées dans 7 catégories différentes. « Toutes des hystériques » distinguait le « sexisme ordinaire des hommes politiques, qui ont le courage de ne pas céder face à la parité, aux discours d’égalité », « petit ange parti trop tôt » distingue « les hommes politiques dont le talent n’a pu pleinement se déployer du fait de cabales néoféministes », le « meilleur espoir », distinguait celui qui s’en est le mieux sorti, « Le parrain » distinguait de son côté « les grands parmi les grands, les chefs parmi les chefs. Ce sont ceux qui ont vaillamment protégé leurs potos, leurs ministres, leurs ‘bros’ pour les plus jeunes et qui leur ont assuré une immunité face au ‘tribunal médiatique’ », indiquait la journaliste et élue Audrey Pulvar, qui présentait la cérémonie. 

Les intérêts communs avant tout

Les grands vainqueurs de cette soirée ? Ils ne sont autres que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, arrivés ex aequo dans la catégorie « Le Parrain ». Ils ont été salués pour avoir d’abord servi leurs propres intérêts et la réputation de leurs « bro ». Jean-Luc Mélenchon a donc été de son côté épinglé pour la solidarité dont il avait fait preuve lorsque Eric Coquerel avait été d’agressions et de harcèlement sexuel, mais également pour sa réaction dans l’affaire Adrien Quatennens et son implication dans l’affaire de violences conjugales, qualifiant cette affaire de « voyeurisme médiatique » autour d’un « divorce conflictuel ». Le fondateur et président de La France insoumise avait salué le « courage » et la « dignité » du député de 32 ans qui avait ainsi reconnu avoir giflé sa femme et lui avait renouvelé sa « confiance » et son « affection ». Pendant ce temps-là, la femme du député LFI déclarait dans un communiqué qu’au « au cours de ces dernières années, (elle a) voulu le divorce à trois reprises, à chaque fois sous la pression (elle est) revenue en arrière »

Quid d’Emmanuel Macron, alors ? Il est de son côté « récompensé ce soir pour sa persévérance, pour sa cohérence, pour sa ténacité », clamait la journaliste et accusatrice de PPDA Hélène Devynck. Sont notamment pointés du doigts les mandats du président de la République qui ont, en effet, été marqués par la nomination au gouvernement de ministres visés par des accusations de viol, comme Gérald Darmanin, qui, lui, a reçu le prix du « Meilleur espoir », et Damien Abad, lauréat du prix du « Petit ange parti trop tôt ». Une soirée qui, si elle se veut ironique, compte bien mettre un coup de pied dans la fourmilière concernant la question des violences sexuelles et sexistes encore trop peu prise au sérieux en politique. Et la question qui persiste n’est autre que : comment donner le bon message quand au sein même du gouvernement, les hommes se soutiennent alors qu’ils devraient dénoncer certains agissements ?

« On sait ce qui va nous arriver, et il y a déjà des mesures de rétorsion. Mais c’est pour ça que c’était important d’avoir des élues sur scène, pour dire aux hommes politiques qu’on n’a pas peur. Qu’il y a des femmes qui peuvent venir les braver, pour toutes celles qui ne peuvent pas prendre la parole », affirmait Alice Coffin. 

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