Se former seul à un métier qui consiste à apprendre aux autres ? C’est l’idée. Et cette idée, 80% de personnes la partagent. Parue le jeudi 8 juin, une enquête menée par l’Observatoire Ecolhuma, une association qui accompagne les enseignants et les chefs d’établissements, prouve que les professeurs s’auto-forment aujourd’hui, plutôt que de suivre les formations proposées par l’Education Nationale. Comment expliquer ce phénomène ?
« Experts de la débrouille »
L’enquête sur la formation continue des professeurs menées par l’Observatoire Ecolhuma a été réalisée auprès d’un panel de plus de 1 000 professeurs et instituteurs. Et elle est sans appel. Aujourd’hui, 80% des professeurs se forment seuls, à l’aide notamment des réseaux sociaux. « La première chose que l’on observe, c’est que les enseignants sont vraiment des experts de la débrouille », constate la fondatrice de l’Observatoire, Florence Rizzo, sur France Inter. Ces « autoformations » se font généralement sur leur temps libre. « L’engagement des enseignants dans leur développement professionnel continu est solitaire, invisible et non valorisé », déplore ainsi l’enquête. Il semblerait que 45 % des enseignants se forment le soir, 55 % pendant le week-end et 67 % durant les vacances.
Les professeurs qui débutent sont globalement assez jeunes et font majoritairement appel aux réseaux sociaux pour se former au métier (64%). 59% des enseignants ont recours à Internet, 44 % se forment grâce aux réseaux enseignants et 41 % grâce aux discussions avec leurs collègues. « Les enseignants pratiquent spontanément des formes de développement professionnel hybrides associant outils digitaux et activités en présentiel avec leurs collègues au sein de leurs établissements », précise l’étude.
Pourquoi se former seul ?
Les enseignants auraient « des besoins assez spécifiques liés à la motivation, à l’engagement des élèves et liés notamment aux enfants à besoins particuliers », explique Florence Rizzo. « Quand on a un enfant dyslexique, un enfant autiste, on a besoin de trouver une réponse pour savoir comment accompagner cet enfant-là, cette année-là », ajoute-t-elle. Le hic ? Les réponses ne seraient ni assez concrètes ni assez rapides. Ainsi, une majorité des enseignants estiment que « la formation continue actuelle ne correspond pas complètement à leurs besoins », note l’étude. Mais ce n’est pas tout. La motivation des enseignants résulte également de leur désir de réussite pour leurs élèves (35% d’entre eux) mais aussi l’augmentation de leurs performances (25 %) et l’amélioration de leur comportement (21 %).
L’étude rapport que 46 % des enseignants qui ont participé à des ateliers ou séminaires hors de l’établissement l’ont fait sans que l’initiative ne vienne de l’Éducation Nationale. Ainsi, près de 97 % des utilisateurs des réseaux sociaux, des livres ou d’Internet ont pris l’initiative de les consulter par eux-mêmes, sans qu’aucune demande ne leur soit formulée.