Jusqu’à présent à la tête du journal d’extrême-droite, déjà condamné pour incitation à la haine raciale, Valeurs Actuelles, Geoffroy Lejeune a été nommée à la tête du JDD. Une nomination qui sidère la sphère médiatique et politique.

Grève au Journal du dimanche

Le vendredi 23 juin, le groupe Lagardère annonçait la nomination de Geoffroy Lejeune à la direction du Journal du dimanche, anciennement à la tête de Valeurs Actuelles. Une arrivée qui n’est pas au goût de la quasi-totalité du personnel du JDD qui a entamé, aussitôt reconduit la grève pour s’opposer à la nomination d’un journaliste d’extrême-droite à la tête d’un journal qui ne défend pourtant pas ces valeurs. La rédaction du JDD craint en effet un virage important à droite pour le journal, désormais contrôlé par Vincent Bolloré, réputé pour son conservatisme. « La rédaction du JDD refuse d’être dirigée par un homme dont les idées sont en contradiction totale avec les valeurs du journal », a ainsi estimé la Société des journalistes (SDJ) du JDD.

De son côté, la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, a fait part de son inquiétude.  « Je comprends les inquiétudes de la rédaction. En droit, le JDD peut devenir ce qu’il veut tant qu’il respecte la loi. Mais pour nos valeurs républicaines, comment ne pas s’alarmer ? », a-t-elle écrit dans un tweet. Pour rappel, Geoffrey Lejeune était à la tête de Valeurs Actuelles, un hebdomadaire, sous sa direction, qui a été condamné à une amende de mille euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI Danièle Obono. En cause ? Un article accompagné d’un dessin avec le titre « Obono l’Africaine » où l’on peut voir l’élue illustrée en esclave.

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Soulèvement politique et médiatique

Du côté des médias, c’est l’effroi. Face à cette annonce, une trentaine de sociétés des journalistes de grands médias ont souhaité apporté leur soutien aux journalistes grévistes en signant une tribune dans les colonnes de Mediapart. Ainsi, France Télévisions, le Figaro, le Monde, le Parisien, Libération, Paris Match ou encore France Radio ont affirmé que «la nomination de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles, dont les contenus haineux ont été condamnés par la justice, est incompatible avec les valeurs que porte le journal depuis soixante-quinze ans » et d’ajouter : « Face au rejet massif exprimé depuis l’annonce de l’arrivée possible de Geoffroy Lejeune, nous demandons aux propriétaires du JDD de renoncer à toute volonté de passage en force pour imposer cette nomination ».

Du côté des politiques, à gauche, il est question de légiférer. Olivier Faure, le chef du Parti socialiste, a appelé à « légiférer à nouveau pour permettre l’indépendance des rédactions », rappelant que les socialistes travaillent à une proposition de loi sur le sujet avant d’exprimer son inquiétude pour le « pluralisme ».  La cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, a quant à elle estimé que « l’extension de l’empire médiatique de Bolloré est un grave danger pour la démocratie ».

« Mon rituel du dimanche, c’était de me réveiller avec le JDD. Aujourd’hui il ne paraît pas », a déploré Rima Abdul-Malak. De son côté, le principal concerné s’est dit « honoré de succéder à Jérôme Béglé car c’est un immense honneur dans une carrière de journaliste de pouvoir travailler au service d’un titre aussi prestigieux que le JDD ». La question est de savoir si le JDD va faire machine arrière et si Charlotte d’Ornellas, sa consoeur et amie, qui a décidé de quitter Valeurs Actuelles lorsqu’il a été licencié, sera de la partie ?

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