Son incarcération avait provoqué la colère au sein de la police, qui avait déclenché un mouvement de contestation contre la justice. Pour rappel, Hedi, 22 ans, avait été passé à tabac, à Marseille, avant de recevoir un tir de LBD.

Le soulagement au sein de la police

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40 jours d’incarcération. Ce 1er septembre, l’agent de la BAC mis en cause après avoir été soupçonné d’avoir fait usage de son LBD contre le jeune Hedi, en marge des émeutes début juillet, a été remis en liberté. Il est cependant toujours mis en examen, placé sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’exercer et d’entrer en contact avec ses trois collègues. «A l’issue de son audition, les juges ont fait droit à la demande de remise en liberté de mon client. Cette audition lui a permis d’expliquer les circonstances d’engagement de son tir », a expliqué l’avocat Pierre Gassend à La Provence. Lors de cette audition, le policier a déclaré que Hedi était, «en tenue d’émeutiers à 2 heures du matin dans une situation de chaos», «représentait une menace» et «était possiblement en train de lancer un projectile sur les forces de l’ordre».

Une libération qui a provoqué le soulagement du côté de ses collègues. « Aujourd’hui, je ne veux retenir qu’un seul mot: le soulagement, réagit auprès de BFMTV.com Rudy Manna, porte-parole Sud Alliance Police Nationale. Le soulagement pour tous les policiers marseillais et pour tous les policiers de France ».  Un sentiment largement partagé par le secrétaire national délégué zone Sud du syndicat Unité SGP Police-FO, Bruno Bartoccetti. « C’est une satisfaction de savoir que notre collègue va pouvoir retrouver sa famille, c’est très important au plan humain », a-t-il abondé.

Interdiction d’exercer son métier

Le policier de la Bac qui a été libéré après quarante jours de prison se voit néanmoins dans l’interdiction totale d’exercer « la profession de fonctionnaire de police », a martelé Dominique Laurens, procureure de Marseille. Il a également interdiction d’entrer en contact avec la victime et d’entrer en contact avec les trois autres policiers mis en cause. Et si ses collègues sont heureux de le voir retrouver sa liberté, ils gardent un goût amer de cette détention. « Il reste présumé innocent. Il aurait été tout à fait possible de le laisser travailler en dehors de la voie publique, sans contact avec le public. Là, il est privé d’une partie de son salaire, c’est la double peine », a déploré Rudy Manna. 

Après plusieurs semaines de contestations et d’arrêts maladie, les policiers ont progressivement repris le chemin du travail, le cœur lourd.  « Le cœur n’y est pas. Le moral n’est pas très bon dans les rangs. Nous avons eu le sentiment de sauver le pays au moment des émeutes, et on nous crache dessus. Il y aura un avant et un après », a confié Rudy Manna à BFM TV.

Hedi est « effondré »

De son côté, le jeune Hedi n’accueille pas du même œil cette remise en liberté. Alors qu’il a dû se faire amputer une partie de son crâne suite au tir de LBD, les traumatismes sont encore présents.  «Hedi est effondré. Il est en plus à l’hôpital pour y subir des examens car son état de santé se dégrade », a expliqué son avocat, Jacques-Antoine Preziosi.  «On va maintenant assister à un déferlement de mensonges entre le tireur et les cogneurs qui vont dire qu’Hedi était menaçant et qu’ils étaient en état de légitime défense. Or les vidéos disent le contraire».  Selon l’avocat, Hedi « réagit très mal à cette remise en liberté. Lui a le sentiment d’avoir fait l’objet d’une véritable tentative d’assassinat. Il a beaucoup de difficulté à imaginer que tous ses agresseurs sont en liberté ». 

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