Ce ne sont que des enfants. Et pourtant, ils seraient derrière un important projet d’attentat à Uccle, dans la banlieue de Bruxelles. Un Français de 15 ans, deux russes de 16 ans et un belge de 16 ans, seraient derrière ce projet d’attentat. Les trois premiers ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » tandis que le dernier a été mis en examen pour terrorisme. Les trois adolescents, scolarisés en France, à Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, avaient été interpellés fin août. Le Parisien a pu se procurer le rapport de la DSGI, dont les contours ont été révélés. Une enquête qui fait froid dans le dos.
Fabrications d’explosifs et diffusions de vidéos explicites
Après que le domicile de l’une des têtes pensantes a été passé au peigne fin, en jui dernier, une source judiciaire, citée par l’Agence France Presse ce lundi 23 octobre révèle que « l’exploitation de ses supports révélait une profonde adhésion à l’idéologie djihadiste et des échanges visant à commettre une action violente au préjudice de représentation diplomatique israélienne en Belgique ». Le leader de l’opération ? Malik, âgé de 15 ans, né à Tours. Après avoir saisi son téléphone, une vidéo de l’adolescent qui se filme avec un pistolet d’alarme pointé sur la caméra tout en proférant des menaces envers l’« Occident », a été divulguée. Le jeune homme a également fait des recherches sur la fabrication d’explosifs et discutait avec de nombreux mineurs radicalisés à travers toute l’Europe.
Malik, se serait ensuite lié d’amitié avec un ses camarades de classe, 16 ans, qui était arrivé en France depuis peu. Ce dernier est né à Ourous-Martan en Russie, dans la république de la Tchétchénie. Alors qu’il lance des prières collectives et écoute des chants de guerriers jihadistes sur son téléphone, Malik, de son côté, diffuse des montages de vidéos qui font l’apologie d’attentats, sur TikTok et Telegram. Le 5 avril, les deux adolescents sont repérés par des policiers de la BAC alors qu’ils fabriquaient des exploits artisanaux. Les soupçons s’intensifient. Une visite à leur domicile le 3 mai confirme les doutes des enquêteurs quant à leur radicalisation. Des recherches sur les ambassades d’Israël en France, en Belgique et au Luxembourg sont découvertes.
« Plan d’assaut »
L’enquête a permis de faire le lien entre Malik et son camarade et d’autres adolescents radicalisés, par le biais de messageries privées. Dans une discussion renommée « plan d’assaut », une attaque contre l’ambassade israélienne en Belgique est discutée. Malik, considéré comme le leader du groupe, y explique notamment le déroulé de l’attaque « qui consisterait d’abord à “abattre et égorger” les policiers en fonction devant l’ambassade d’Israël à Uccle, puis à larguer une camionnette bourrée d’explosifs contre le site. Avant d’exécuter les civils survivants », révèle Le Parisien. Le 15 septembre dernier, lorsque l’AFP avait fait état des interpellations des adolescents, le parquet national antiterroriste (Pnat) avait confirmé qu’il « leur est effectivement reproché d’avoir, mus par une idéologie djihadiste, constitué des groupes sur les réseaux sécurisés en vue de la préparation d’une action violente ». Ils avaient créé des « groupes sur des messageries cryptées » mais « n’étaient pas à la veille de passer à l’acte », avait souligné une source proche du dossier. Il s’agit « encore une fois de profils jeunes, avec sans doute une part d’immaturité, de mal-être adolescent », avait encore détaillé cette même source.
Malik, actuellement en détention provisoire, avait fait état de son penchant dépressif. « J’avais des tendances dépressives et je me suis dit qu’au moins, ma vie serait terminée (…) J’ai commencé à voir l’EI comme des héros », peut-on lire dans Le Parisien. « Heureusement que vous êtes intervenus, parce que j’aurais fait des choses que j’aurais regrettées », aurait-il dit aux enquêteurs. Son camarade, lui, aurait dû jouer le rôle du kamikaze. « Initialement, c’était quelque chose d’assez naïf. Lui, il ne percevait pas la gravité de ce qu’il était en train de commettre. Il n’avait pas la conscience de participer à une organisation terroriste ou de fomenter réellement des projets terroristes », a réagi sur BFMTV ce lundi 23 octobre l’avocate d’un des adolescents, Alexandra Hawrylyszyn.