« Les petits voleurs du Trocadéro ». Voilà le surnom qui a été attribué à ces mineurs isolés, qui volaient des touristes, principalement. Depuis 2022, une recrudescence de ces vols a été notifiée. Ils sont le fait d’enfants, arrivés seuls sur le sol français depuis le Maroc. Mais derrière ces vols, se cache un réseau dangereux.

Des enfants drogués

©unsplash

L’une des places les plus connues de Paris est depuis quelques années le théâtre de nombreux vols. Le Trocadéro, grouille de touristes. Une aubaine pour les voleurs. Qui plus est lorsque ce ne sont que des enfants, qui passent inaperçus. C’est une association qui met à l’abri les mineurs sans domicile, « Hors la rue », qui a tiré la sonnette d’alarme. Ils ont signalé des enfants drogués dont les corps présentaient des traces de coups. Peu de doute, d’après cette association, ces enfants étaient aux mains d’un réseau de traite d’êtres humains. Ces enfants passent donc de coupables à victimes, puisqu’ils agissent sous la contrainte et dans un état second. « Ce ne sont que des gamins. De jeunes Marocains qui se cachent dans des camions pour passer la frontière ou de jeunes Algériens qui traversent la Méditerranée dans des bateaux pneumatiques. Certains ont vu des gens mourir sous leurs yeux, d’autres ont expérimenté la vie à la rue dans les enclaves espagnoles », raconte Guillaume Lardanchet, dans les colonnes de Libération. 

Ce mardi sonnait le premier jour du procès des six ressortissants algériens suspectés de « traite d’êtres humains aggravée ». Ils sont notamment accusés d’avoir donné des psychotropes à des mineurs isolés marocains pour les contraindre à commettre des délits au Trocadéro. Parmi les 17 victimes recensées, douze enfants se sont constitués parties civiles aux côtés de l’association Hors la rue. La juge d’instruction observe «l’existence d’un système d’exploitation visant à profiter de la vulnérabilité de jeunes mineurs, arrivés sur le Trocadéro au terme d’un parcours d’errance long souvent de plusieurs mois». Elle évoque également «un même stratagème mis en place par des individus majeurs, qui consistait à provoquer ou aggraver une addiction aux psychotropes chez les enfants, créant à leur égard une forte dépendance». Ces individus ont profité de la vulnérabilité de ces enfants, qui ont traversé l’enfer. Les psychotropes permettent d’annihiler la faim, les souvenirs, les douleurs physiques, le libre arbitre et offrent une désinhibition totale. «Quand on en prend, on ne ressent rien. Même si quelqu’un me frappe je ne sentirai rien », expliquait le petit Jibril.

« Arrêter les adultes »

Pour retrouver ces criminels, les enquêteurs ont déposé un mouchard sur un banc depuis lequel ils surveillent les enfants, envoyés au charbon. Ils ont également mis sur écoute les suspects, ce qui leur a permis d’arrêter six hommes. Ces derniers ont été interpellés le 13 juin 2022, ils ont reconnu les vols et le deal, mais ont nié la contrainte sur les enfants. «On parle d’enfants qui sont d’une maigreur extrême, qui ont des plaies surinfectées, qui ont la gale, qui ont des traces de coups sur tout le corps, de multiples ecchymoses. On se croirait dans Germinal, et c’est juste au Trocadéro», argue l’avocate de Hors la rue, Me Céline Astolfe. « Avec cette affaire, c’est la première fois que des enquêteurs considèrent ces enfants et adolescents non pas comme des coupables, mais comme des victimes », se félicite Me Catherine Delano Daoud, avocate d’un des 12 jeunes parties civiles, Karim qui avait 13 ans au moment des faits, à france info. « Il y a des adultes derrière qui les contraignent en leur disant ‘si tu ne voles pas, tu ne dormiras pas ce soir dans la caravane’, ‘si tu ne voles pas, je te frapperai’, ‘si tu ne voles pas, je ne continuerai pas à te donner les médicaments que je te donne’. Donc ils sont dans la peur eux-mêmes », a-t-e-elle ajouté. 

Les six principaux prévenus encourent 20 ans de réclusion. Le procès est prévu jusqu’à vendredi. 

Exit mobile version