Entre 2021 et 2023, le pouvoir d’achat n’a fait que diminuer et le nombre de personnes rémunérées au salaire minimum a augmenté de 50%.
C’est une situation inédite. La part des personnes qui touchent le smic en France a augmenté de 50% en 2023. Selon les derniers chiffres de la Dares, qui dépend du ministère du Travail, un million de personnes en plus touchent le smic. Comment cela est-il possible ?
17% de Français sont au salaire minimum
Ils sont 17% à toucher le smic en France, soit 3,1 millions. Il y a trois ans, ils étaient 12%. Il s’agit donc d’une nette augmentation en très peu de temps. Une réalité qui nourrit un certain désespoir chez de nombreux Français lorsqu’ils ouvrent leur bulletin de salaire chaque fin de mois. Au 1er janvier 2023, le SMIC brut horaire a été augmenté de 1,8 %, atteignant 11,27 euros. Cette revalorisation a ainsi eu un impact direct sur environ 3,1 millions de salariés du secteur privé non agricole.
Cette augmentation a été particulièrement notable parmi les salariés à temps partiel, où 38,3 % bénéficient de cette revalorisation, en comparaison avec 12,4 % des salariés à temps complet. De plus, les femmes sont surreprésentées parmi les bénéficiaires, constituant 57,3 % des salariés au SMIC. Cette hausse du nombre de salariés au SMIC souligne une tendance à la compression des rémunérations, avec une concentration croissante des salaires autour du minimum légal.
Quelles limites à la hausse du smic ?
Bien que l’augmentation du smic vise à améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs les moins bien payés, elle n’est pas nécessairement efficace pour réduire la pauvreté parmi ceux qui travaillent. Cela est dû à plusieurs raisons. Premièrement, beaucoup de personnes vivant dans la pauvreté travaillent à temps partiel et ne bénéficient donc pas pleinement de l’augmentation du smic.
Deuxièmement, la situation familiale joue un rôle crucial dans la pauvreté laborieuse. Par exemple, les familles monoparentales peuvent avoir des difficultés à échapper à la pauvreté même avec un salaire au smic. L’augmentation du smic ne bénéficie pas nécessairement à ceux qui sont déjà au-dessus de ce seuil, mais qui vivent toujours avec des revenus relativement faibles. En effet, lorsque le smic augmente rapidement, un nombre croissant de salariés reculent au salaire minimum, le temps que les grilles se mettent à niveau.
Comment sortir du smic ?
Pour répondre à ces enjeux, plusieurs recommandations ont été formulées. L’une d’elles concerne la réforme des règles de revalorisation automatique du smic. Actuellement, cette indexation automatique peut mener à des augmentations fréquentes du salaire minimum en période d’inflation, mais cela peut aussi perturber le marché du travail, en particulier pour les travailleurs les moins qualifiés.
Une autre recommandation est de renforcer la négociation collective dans le domaine salarial. Cela pourrait inclure des mesures pour encourager les branches professionnelles à définir des salaires minimums supérieurs au smic, favorisant ainsi une meilleure distribution des salaires. En outre, il est suggéré d’examiner des moyens pour améliorer la mobilité salariale et professionnelle des travailleurs, en particulier ceux qui sont moins qualifiés, afin de les aider à progresser au-delà du niveau du smic.
« Le Smic a une évolution qui est calée sur l’inflation alors que les salaires évoluent comme la productivité marginale. Le Smic a été revalorisé de 13,5% depuis deux ans alors qu’il n’avait été revalorisé que de 4% les trois années précédentes. Mais le problème c’est que la productivité n’étant pas au rendez-vous, les autres salaires ont du mal à décoller. La vraie question qu’on doit se poser c’est de savoir si on peut garder des salaires en bas de l’échelle qui sont totalement déconnectés de la réalité économique », a rappelé Jean-Marc Daniel, économiste et éditorialiste sur BFM Business.