Alors que le RAID et la BRI étaient sur le point de mener une opération d’envergure sur un point de deal de Rennes, des trafiquants ont réussi à l’empêcher
Certains quartiers de Rennes sont gangrenés par le trafic de drogue. Il est donc courant que les forces de l’ordre aient à intervenir. Mais parfois, rien ne se passe comme prévu. Comme cette opération, qui a été empêchée par les trafiquants eux-mêmes. Le procureur dénonce un « dysfonctionnement inadmissible ».
La plus importante intervention
Cette opération anti-drogue était la plus importante « intervention judiciaire de ces dernières années à Rennes », selon Le Télégramme. Ce mardi 24 janvier, aux alentours de 6h du matin, elle a pourtant dû être annulée. En cause ? Des fuites. Comme le révèle Le Monde, il s’agit de neuf mois de filatures et d’écoutes gâchés en quelques secondes. Les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) de Rennes, se disent « littéralement écœurés ».
160 policiers étaient, pour l’occasion, mobilisés et avaient pour mission d’interpeller une quinzaine d’individus, tous impliqués dans un important trafic de stupéfiants. Mais il semblerait que les enquêteurs aient été repérés avant ou que les trafiquants aient bénéficié de renseignements privilégiés. Selon Le Monde, à bord d’une Audi, les trafiquants ont même photographié et filmé les forces de l’ordre au moment où ils planifiaient leur intervention à Saint-Jacques-de-la-Lande. La voiture a finalement pris la fuite, et n’a pas été retrouvée.
L’IGPN saisie
Du côté des policiers, qui l’ont mauvaise, pas de doute ; les trafiquants ont reçu des informations. En effet, les forces de l’ordre ont pu observer qu’ils s’étaient rendu sur le lieu de l’opération à 5h30, l’heure initialement prévue pour le lancement de l’opération. « Une enquête va être rapidement confiée par le parquet de Rennes à l’IGPN (la police des polices) afin de rechercher les raisons de ce dysfonctionnement inadmissible et identifier les éventuels auteurs d’une violation du secret de l’instruction », a expliqué le procureur de la République de Rennes, dans les colonnes de 20 minutes. En revanche, « l’échec de cette opération ne vient en rien entamer notre détermination à lutter contre ces trafics qui pèsent lourdement sur la qualité de vie des riverains », a-t-il martelé.
Mais la pilule reste dure à avaler pour les policiers mobilisés. « Cela remet tout en cause. Jusque-là, notre façon de travailler était adaptée et ne posait pas de problème. Elle nous permettait de limiter ce genre de choses. Les enquêteurs savaient rester discrets et faisaient très attention en diffusant des informations opérationnelles. Il y avait des fuites dans la presse, mais toujours après les interpellations. Maintenant, tous les services de police judiciaire savent que cela peut arriver. Cela ne correspond pas à notre façon de faire. Il y a quand même quinze mecs qui doivent bien rigoler », a confié un enquêteur à 20 minutes.
Depuis le premier janvier de cette année, les différentes branches des services de police d’un département – incluant le renseignement, la sécurité publique, la police aux frontières (PAF) et la police judiciaire – sont désormais sous la direction d’un chef unique. C’est cette réforme qui serait à l’origine de ce dysfonctionnement, selon l’enquêteur.