Une nouvelle découverte médicale. Les aliments transformés se retrouvent encore une fois au cœur d’une polémique sanitaire. Une étude menée par des chercheurs de l’Inserm, publiée le mardi 13 février dans la revue PLOS Medicine, pointe du doigt cette fois les émulsifiants. Ils seraient responsables d’un « risque accru » de cancers, notamment du sein et de la prostate. 

 

Les émulsifiants, késako ?

Les émulsifiants sont des substances qui permettent de mélanger deux liquides qui, normalement, ne se combinent pas bien, comme l’huile et l’eau. Imaginez une vinaigrette pour salade : sans un bon coup de fouet ou un ingrédient pour les lier, l’huile et le vinaigre se séparent rapidement. Dans l’industrie alimentaire, les émulsifiants jouent ce rôle de « médiateur » pour stabiliser les mélanges, assurant que les produits conservent une texture uniforme et agréable. Ces substances sont omniprésentes dans de nombreux produits transformés, y compris dans les glaces, les sauces, les pâtisseries, et les produits de boulangerie, pour ne citer qu’eux. Leur utilisation ne se limite pas à l’alimentation ; on les trouve aussi dans des produits cosmétiques et pharmaceutiques pour leurs propriétés de stabilisation et d’amélioration de la texture.

Les émulsifiants peuvent être d’origine naturelle ou synthétique. Les émulsifiants synthétiques, comme les polysorbates, sont conçus en laboratoire mais doivent passer des tests rigoureux de sécurité avant d’être approuvés pour l’utilisation dans les produits de consommation. Aujourd’hui, leur sécurité et leur impact sur la santé humaine font l’objet de discussions scientifiques. Certaines recherches suggèrent que des émulsifiants spécifiques pourraient perturber l’équilibre microbien dans l’intestin et contribuer à des problèmes de santé. Les autorités de régulation à travers le monde continuent de surveiller la recherche et d’ajuster les recommandations pour garantir que l’utilisation des émulsifiants dans l’alimentation reste sûre et bénéfique pour les consommateurs.

Quel lien avec le risque de cancers ?

Cette étude se base sur les données de santé de 92.000 adultes participant à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé, en évaluant spécifiquement leur consommation de ce type d’additifs alimentaires, entre 2009 et 2021. Suite à l’examen des données recueillies auprès des patients, qui ont détaillé tous les aliments et boissons ingérés ainsi que leur marque, 2.604 cas de cancer ont été identifiés. L’analyse a révélé que les individus ayant une consommation élevée de l’additif E471 (monoglycérides et diglycérides d’acides gras) présentaient un risque accru de 15% de développer un cancer comparativement à ceux qui en consommaient le moins. Ce risque augmentait de 24% pour les cancers du sein et de 46% pour les cancers de la prostate.

Cet émulsifiant figure en septième place parmi les additifs les plus courants, avec 14.783 produits répertoriés en France d’après la base de données d’Open Food Facts. On le trouve dans une vaste gamme de produits, incluant différents types de biscottes, des chips Pringles, les wraps de la marque Old El Paso, les gâteaux Kinder Delice, ainsi que les pains au chocolat de chez Pasquier.

E404 et E407 en cause

©unsplash

L’additif E471 n’est pas le seul à être remis en cause par les scientifiques. En effet, d’après les résultats de l’étude, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E404 et E407a) ont 32% de plus de risque de développer des cancers du sein que ceux qui n’en consomment pas ou peu. Le E404 est présent dans 10,508 produits dont les desserts Danette ou les glaces Ben&Jerry’s. 

Le E407a est quant à lui présent dans 651 produits comme les cassoulets de la marque William Saurin ou les cordons bleus industriels. 

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