« Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. La force de la France, c’est que nous pouvons le faire ». Voilà ce qu’a déclaré Emmanuel Macron, dans les colonnes du Parisien ce samedi 16 mars. L’envoi des troupes au sol aura-t-il donc lieu ?

Troupes françaises en Ukraine : quelle est la position d’Emmanuel Macron ?

Le 26 février, lors d’une conférence de presse à l’Elysée, Emmanuel Macron jetait un pavé dans la mare. Tout en assumant une « ambiguïté stratégique », le chef de l’Etat affirmait que « rien ne doit être exclu », avant de confirmer qu’il « n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol », mais « en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre ». Des déclarations qui ont jeté un froid au sein de la classe politique française et ailleurs en Europe. Olaf Scholz, le chancelier allemand, a d’ailleurs été très ferme sur la question : « Il n’y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l’Otan, sur le sol ukrainien ».

Le 14 mars, Emmanuel Macron répondait aux questions des journalistes lors d’un entretien télévisé au JT de TF1 et de France 2. Là encore, il a assumé ses propos sur l’éventuel envoi de troupes françaises en Ukraine. S’il a nuancé en affirmant que l’on « n’est pas dans cette situation aujourd’hui », il a réaffirmé l’importance de ne pas laisser gagner la Russie. « Si nous décidons d’être faibles face à quelquun qui na pas de limites, nous décidons la défaite », a-t-il affirmé. Pour Emmanuel Macron, la sécurité des Français se joue en Ukraine. « Si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait. Nous naurions plus de sécurité en Europe. Qui peut penser que Poutine s’arrêterait là? La sécurité de l’Europe se joue là-bas », s’est-il inquiété.

« L’Europe ne laissera pas tomber l’Ukraine »

Dans son clan, l’idée fait son chemin. Et elle est applaudie. « Il a totalement raison. Ça fait deux ans que l’on passe collectivement notre temps à se fixer des limites et à les communiquer à l’adversaire alors que lui [Vladimir Poutine] n’en a aucune », a déclaré Benjamin Haddad, député Renaissance. « Le but reste le même : face à l’impérialisme et aux agressions de Poutine, défendre la sécurité européenne passe aussi par le fait de montrer que l’Europe ne laissera pas tomber l’Ukraine », a de son côté affirmé Antoine Armand, député Renaissance, dans les colonnes de Franceinfo.

« Tout le monde avait retenu de sa première prise de parole qu’il pourrait y avoir un jour des soldats français en Ukraine. L’opinion française n’y est pas favorable et cette déclaration avait un potentiel anxiogène extrêmement élevé. Il s’agissait donc pour lui d’euphémiser son discours sans se déjuger, en martelant l’idée que l’envoi de troupes au sol ne serait pas à notre initiative », a de son côté expliqué Bruno Cautrès, politologue, toujours à Franceinfo. « Si c’était moi le président de la République, je ne m’y prendrais pas du tout comme ça. J’essaierais de me dire : « Comment peut-on entrer dans la paix ? », au lieu de me demander comment on va faire pour entrer dans la guerre. Nous ne sommes pas en état d’affronter la Russie. Nous ne sommes prêts qu’à une chose, la guerre nucléaire », a de son côté posé Jean-Luc Mélenchon.

©capture écran France Bleu

Qui pourrait être envoyé en Ukraine ?

Concrètement, en ce qui concerne la France, les troupes immédiatement disponibles sont celles de l'armée de terre, comptant environ 130 000 hommes et femmes, avec plus de 25 000 réservistes, selon les dernières données du ministère des Armées. Interrogé sur les remarques d'Emmanuel Macron à l'Assemblée nationale, le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a souligné : "Nous devons envisager de nouvelles actions de soutien à l'Ukraine" qui doivent répondre à des besoins très spécifiques". Il a notamment évoqué le déminage, les cyber-opérations et la production d'armes sur place, en Ukraine. "Certaines de ces actions pourraient nécessiter une présence sur le territoire ukrainien sans franchir le seuil de belligérance », a-t-il précisé.
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