Des migrants « déplacés » en province « en catimini » pour faire « place nette » à Paris. C’est ce que pense Serge Grouard, le maire d’Orléans, qui s’est agacé de la situation. «Orléans n’a pas vocation à accueillir la colline du crack de Paris», a-t-il ainsi prévenu. Selon lui, 500 migrants auraient été transférés dans sa ville depuis près d’un an, sans en avoir été informé en amont.
Un car arrive « toutes les trois semaines »
L’élu n’est pas content. Et il l’a fait savoir lors d’un récent point presse. «Faute de renseignements officiels, j’ai donc croisé quelques chiffres recueillis auprès d’associations et du Centre communal d’action sociale de la ville d’Orléans», a-t-il expliqué. «Il est ainsi avéré que, toutes les trois semaines, un car arrive à Orléans depuis Paris, avec à son bord entre 35 et 50 personnes. Ce dispositif semble fonctionner depuis mai 2023». Selon lui, et les informations qui lui ont été données, « ces sans-abri sont pour la plupart des migrants, pris en charge par une association conventionnée par l’État pendant une période assez courte, d’environ trois semaines. Comme les structures d’hébergement d’urgence sont saturées à Orléans, ils sont le plus souvent dirigés dans des hôtels ». Sur les 500 personnes arrivées depuis mai 2023, « certaines ont pu être envoyées en centre de rétention administrative, d’autres placées ailleurs, d’autres encore s’évaporent dans la nature », a-t-il précisé.
D’autres villes concernées
Selon l’élu, d’autres villes seraient concernées par ce phénomène. Il a notamment parlé de Strasbourg et d’Angers. «Il y a 13 sas (régionaux) dans toute la France», a abondé Floriane Varieras, adjointe à la maire écologiste de Strasbourg. «On n’a pas du tout été concerté, ni pour l’implantation, ni informé de la population qui y transiterait. C’est en cela que je rejoins le maire d’Orléans, le côté un peu opaque de ce qu’il se passe», a-t-elle déclaré. «Je comprends la solidarité territoriale», mais le problème est «le fait qu’on ait “zéro info” et pas de moyens supplémentaires à proprement parler dans les territoires. Ça déplace le problème plus que ça ne le règle», a-t-elle précisé.
La préfecture du Loiret a toutefois démenti que l’arrivée de migrants à Orléans venant de Paris était liée à la tenue des JO olympiques. Le dispositif serait «sans lien avec l’organisation des Jeux Olympiques comme cela a été déjà expliqué en mai 2023», a expliqué la préfecture. «En vue de répondre à l’ampleur des besoins d’hébergement d’urgence en Ile-de-France, dix sas d’accueil temporaire régionaux ont été mis en place par l’Etat à l’échelle nationale pour y orienter une partie des personnes prises en charge dans le cadre d’opérations de mise à l’abri conduites chaque semaine dans cette région», a rappelé la préfecture.
Les associations dénoncent un « nettoyage social »
Ce qui se déroule en ce moment ne date pas d’hier. L’île-de-France tente de désengorger la région en vue des JO. Et en ce sens, le gouvernement avait déjà demandé aux préfets de créer de nouveaux « sas d’accueil temporaire régionaux », en mars 2023. Mais pour de nombreuses associations, il ne s’agit, ni plus ni plus moins, que d’un nettoyage social. « Pour nous, le nettoyage social, c’est toutes les opérations d’évacuation des sans-abri qui ont lieu en ce moment (…) Ces évacuations se font parfois sans aucune solution de relogement et d’hébergement », précise au HuffPost Antoine de Clerck, coordinateur du collectif Le revers de la médaille.