Sept semaines. Sept semaines d’attente. Ce jeudi, après un bref communiqué, l’Élysée a annoncé la nomination du nouveau Premier ministre, qui remplace officiellement Gabriel Attal. Il s’agit de Michel Barnier, l’ancien négociateur du Brexit. Et sans grande surprise, cette décision a déjà provoqué un important remue-ménage au sein de la classe politique.
Qui est Michel Barnier ?
« Moins clivant » et « plus consensuel ». C’est ainsi qu’il a été défini Michel Barnier, 73 ans. Le nouveau Premier ministre est un ancien commissaire européen, issu du parti Les Républicains, mais il est également l’ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac. Si Emmanuel Macron l’a nommé, c’est parce qu’il répondait aux critères qu’il avait fixés : la « non-censurabilité » par l’Assemblée nationale « et la capacité à faire des coalitions ». De son côté, Michel Barnier, il y a quatre ans, se disait plus que prêt à endosser ce rôle. « Je suis disponible et mobilisé, je vais utiliser l’énergie qui est la mienne pour travailler pour mon pays » , voilà ce qu’il déclarait en décembre 2020 sur France Bleu Pays de Savoie.
Ce choix arrive à un moment crucial pour la France, alors que la scène politique est encore secouée par l’instabilité des élections législatives de cet été. Ancien ministre à plusieurs reprises et ex-commissaire européen, Michel Barnier s’est fait remarquer comme négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, où il a montré des talents de diplomate, lui valant une reconnaissance internationale. Originaire de Savoie, il est connu pour son approche pragmatique, très ancrée dans l’idéal européen et fidèle aux principes gaullistes. Sa nomination vise à rassembler, dans l’espoir de calmer une scène politique divisée et de répondre aux défis économiques et sociaux qui pèsent sur le pays.
Michel Barnier, très critique à l’égard du macronisme
« Le macronisme, ce pouvoir central adepte du ‘en même temps’ qui a voulu tout effacer entre lui et les extrêmes, a vocation à disparaître en 2027 », avait déclaré Michel Barnier après les résultats des élections législatives de 2022, où le camp présidentiel a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. En 2022, il avait catégoriquement écarté la possibilité de rejoindre le camp Macron. « Les tentatives de débauchages ou de ralliements individuels sont dérisoires et inutiles. Cela n’a aucune actualité. Le débauchage a pu se révéler tactiquement habile en cherchant à éliminer les deux grandes forces sociale-démocrate et centre droit, il est politiquement dangereux », expliquait-il auprès du Figaro, à l’époque. Il reprochait notamment à Emmanuel Macron de gérer le pays de façon « solitaire » et « arrogante ».
La gauche en colère
Sans grande surprise, la gauche n’a pas attendu avant de fustiger le choix d’Emmanuel Macron. «Il y a la quasi-certitude» que, si Michel Barnier a pu être désigné par le président Macron, «c’est parce que le RN, précisément l’extrême droite, a donné une forme de quitus», a dénoncé François Hollande. «On sait à la fin qui décide : elle s’appelle Marine Le Pen. C’est à elle que Macron a décidé de se soumettre», a abondé Marine Tondelier. Mathilde Panot (LFI), a de son côté, «de respecter la souveraineté populaire et le choix issu des urnes». Contre «ce coup de force inacceptable».
Un Premier ministre attendu au tournant
Michel Barnier est attendu au tournant. Sa nomination à la tête du gouvernement français suscite de nombreuses attentes, tant du côté des partis politiques que des citoyens. Pour réussir, il devra naviguer avec habileté entre des forces politiques souvent opposées, en particulier face à la motion de censure déjà brandie par le Nouveau Front Populaire, et potentiellement à d’autres attaques de l’opposition, y compris du Rassemblement National. Sa capacité à construire un gouvernement de rassemblement sera déterminante.
Sur les dossiers chauds, notamment celui de l’immigration, il est attendu au contour. Barnier devra clarifier sa position, ayant déjà évoqué des idées controversées comme un référendum sur l’immigration et un « bouclier constitutionnel » pour contourner certaines règles européennes. Enfin, sur la scène internationale, sa réputation d’européen convaincu et de négociateur habile, acquise durant la période du Brexit, devra se confirmer dans une période où la France et l’Europe font face à des défis multiples. Ses choix stratégiques seront donc scrutés de près, tant sur le plan intérieur qu’international.