Depuis le lundi 2 septembre, 51 hommes comparaissent devant la justice devant la Cour d’assise du Vaucluse à Avignon. Le procès, qui durera jusqu’au 13 décembre, retrace le calvaire de Gisèle Pélicot, qui a été violée par 80 hommes, entre 2011 et 2020. C’est son mari, Dominique Pélicot, qui a orchestré les sévices qu’elle a subis.
Des profils ordinaires. Pour la plupart, leur casier judiciaire est vierge et certains sont décrits comme des hommes « aimants » par leur compagne. Et pourtant, tous sont coupables des mêmes faits. Ces pères de famille, ces époux et ces hommes ont tous violé la même femme lorsque celle-ci était inconsciente. « Il n’y a pas de profil type du violeur. Le violeur, c’est Monsieur Tout-le-Monde », diagnostique à leur sujet la sociologue spécialisée dans la problématique des violences sexuelles Véronique Le Goaziou, dans les colonnes de la Dépêche.
Que s’est-il passé pendant neuf ans ?
Au point de départ de cette sordide affaire, on trouve le mari. C’est lui qui a administré à sa femme des substances chimiques telles que le xanax ou le valium, afin que celle-ci ne soit consciente de rien. Tout commence avec le site coco.gg, dans lequel les différents hommes prenaient rendez-vous pour rencontrer la victime, dans son lit conjugal, inconsciente, rappelons-le. Pendant neuf ans, entre 2011 et 2020, 92 faits de viols ont été commis sur la femme, la seule victime.
Son mari, Dominique Pélicot, âgé aujourd’hui de 71 ans, est défini comme étant un « patriarche » et un « manipulateur ». S’il a une « personnalité perverse », l’époux de Gièle Pélicot ne souffrirait d’aucune « pathologie ou d’anomalie mentale » mais d’une « déviance sexuelle ou paraphilie de type voyeurisme », selon plusieurs examens psychiatriques réalisés lors de l’enquête.
Comment les enquêteurs ont-ils découvert ses crimes ?
En 2020, Dominique Pélicot est pris en flagrant délit alors qu’il filme sous les robes des clientes d’un supermarché. Après avoir été placé en garde à vue, celui-ci est soumis à une perquisition à son domicile. Toutes les preuves sont alors récoltées dans son matériel informatique. Les enquêteurs découvrent alors un dossier « abus ». Ce dossier contient plusieurs dossiers pour classer chacun des hommes venus violer sa femme. « Chris le pompier », « Quentin », « Gaston » ou encore « David le Black » sont donc répertoriés. Des vidéos s’y trouvent, où l’on voit Gisèle Pélicot se faire abuser sexuellement.
Comment va se dérouler le procès ?
Le procès des viols de Mazan, qui s’est ouvert le 2 septembre 2024 au tribunal d’Avignon, est considéré comme l’un des plus troublants et complexes de l’histoire judiciaire en France. Prévu pour durer jusqu’en décembre 2024, le procès se déroule devant la cour criminelle du Vaucluse. En raison du grand nombre d’accusés, il est envisagé de transférer les audiences au parc des expositions d’Avignon afin de faciliter l’organisation. Ce procès est marqué par des témoignages éprouvants, notamment ceux des experts et des enquêteurs, qui ont expliqué comment les enregistrements vidéo ont permis de remonter jusqu’aux coupables.
Dominique Pélicot a avoué les faits, tandis que certains des accusés contestent leur participation. La victime, en choisissant de rendre le procès public, espère de son côté, que cette affaire marquera un changement significatif dans la reconnaissance et la justice pour les victimes de violences sexuelles et que « la honte change de camp ».
Soumission chimique : qu’est-ce que c’est ?
La soumission chimique est une forme d’agression où une personne est involontairement soumise à des substances psychoactives, souvent sans son consentement ou à son insu, dans le but de réduire sa résistance ou de l’incapacité. Ces substances, comme des sédatifs, des hypnotiques ou des drogues, peuvent être administrées dans des boissons, de la nourriture ou par d’autres moyens. L’objectif de ces actes est généralement de commettre des abus sexuels, des vols ou d’autres crimes, en profitant de l’état d’incapacité de la victime. Ce phénomène, souvent associé à des milieux festifs ou privés, est un crime grave.