Les résultats sont tombés ce week-end. Commandée par nos confrères du Monde et de FranceInfo, une étude portant sur 70 enfants de la région rochelaise a décelé la présence de divers pesticides interdits en France dans leur organisme.
45 molécules différentes
Alors que les rochelais ont manifesté ce samedi à l’issu de ces résultats plus qu’alarmant sur la santé et l’avenir des jeunes, c’est l’association Avenir Santé Environnement qui est à l’origine des tests. Réalisées sur des enfants allant de 3 à 17 ans, ces analyses concernent des jeunes provenant de la plaine d’Aunis, très agricole, de Périgny ou encore Dompierre-sur-Mer, communes de la grande agglomération de La Rochelle. Les prélèvements analysés par le laboratoire de toxicologie et de pharmacovigilance du CHU ont révélé la présence de 14 molécules cancérigènes dans les urines et 45 dans les cheveux. Tandis que les 70 enfants testés présentent tous des traces de ces particules, pour certains jusqu’à 6 molécules dans les urines et 10 dans les cheveux ont été découverts. Laurence Huc, chargée de l’interprétation toxicologique des résultats, alerte, « En retrouver dans des urines d’enfants, c’est très inquiétant. […] les enfants concernés sont scolarisés dans sept écoles, il est peu probable qu’ils aient mangé les mêmes aliments. » Toutes les traces de particules potentiellement cancérigènes sont issues de produits agricoles dont certains sont encore autorisés.
« Quatre fois supérieur à la moyenne attendue »
Les résultats de l’étude démontrent que 17% des enfants présentent des traces d’acétamipride, un puissant insecticide de la famille des néonicotinoïdes, molécules interdites en France depuis 2018. Jean-François Bonmatin, chimiste et toxicologue au CNRS d’Orléans, s’interroge sur ces données, « c’est inexplicable de la retrouver dans les urines. » Le président de l’association Avenir Santé Environnement, Franck Rinchet-Girollet, a déclaré vouloir une suite à ces premiers tests « [faire] une enquête pour déterminer l’origine de ces pesticides dangereux dont certains sont interdits. » Ces données viennent donner de la masse aux résultats du CHU de Poitiers de 2018 sur les cas de cancers pédiatriques d’une commune de banlieue rochelaise, « le nombre de cas de cancer d’enfants pour la seule commune de Saint-Rogatien est plus de quatre fois supérieur à la moyenne attendue. » analysait Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le cancer de Charente-Maritime. Bien que l’ARS de Nouvelle-Aquitaine n’a pas souhaité commenter ces résultats, la région rochelaise reste-t-elle sûre pour nos enfants ?