Deux ans après l’assassinat de sa fille Lola, âgée de 12 ans, Delphine Daviet-Ropital s’exprime pour la première fois dans un entretien émouvant avec Le Figaro . Dans ce témoignage bouleversant, elle revient sur sa longue et douloureuse reconstruction, sa relation avec sa fille avant le drame, et ses attentes pour le procès de Dahbia B., la principale suspecte, qui devrait se tenir en 2025.
Une reconstruction difficile et la perte tragique de son mari
Le 14 octobre 2022, la vie de Delphine Daviet-Ropital a été à jamais bouleversée par la découverte du corps de sa fille Lola, violée, torturée, et retrouvée sans vie dans une malle à Paris. Depuis, la reconstruction est lente et extrêmement douloureuse pour cette mère de famille, toujours en arrêt maladie. Elle confie ne pas réussir à affronter pleinement la réalité : « Ma vie sera toujours compliquée », avoue-t-elle avec une tristesse palpable. « J’ai du mal à être dans la réalité et je fais tout pour ne pas y être », ajoute-t-elle.
À cette épreuve insoutenable s’ajoute une nouvelle tragédie : la perte de son mari Johan, décédé en février 2023. Dévasté par la mort de leur fille, il n’a jamais pu s’en remettre. « On l’a perdu dès le premier jour », explique Delphine, évoquant les problèmes d’alcool dans lesquels il était retombé après le meurtre de Lola. Malgré tous leurs efforts, la famille n’a pas pu empêcher ce déclin tragique.
Un lien indéfectible avec son fils Thibault
Au milieu de cette tempête de douleur, Delphine trouve un soutien inestimable auprès de son fils, Thibault, le frère de Lola. « C’est grâce à lui que je tiens, c’est pour lui que je suis encore debout », confie-t-elle. Le jeune garçon, qui a écrit une lettre déchirante à sa petite sœur un an après sa mort, continue de se reconstruire à son rythme. Sa mère le décrit comme plus mature, se tournant vers le sport et trouvant réconfort dans sa relation avec une petite amie qui l’aide à surmonter cette tragédie.
Delphine évoque aussi avec émotion sa relation avec Lola, qu’elle décrit comme une petite fille sociable, joyeuse et débordante de vie. « Elle était généreuse, toujours avec ses copines, elle ne pouvait pas rester enfermée », se souvient-elle. Lola était une « mini-moi », très proche de sa mère, avec qui elle partageait tout. Elle la décrit comme un véritable « bout-en-train », une enfant au « caractère fort » qui n’aimait pas qu’on lui dise non.
Deux ans après, Delphine commence doucement à réintroduire des souvenirs visuels de sa fille dans sa vie quotidienne. « J’ai mis des photos d’elle chez moi récemment, je commence à les regarder », confie-t-elle, soulignant la difficulté de revisiter ces souvenirs.
Le procès de Dahbia B. : des attentes et des interrogations
Le procès de Dahbia B., la principale suspecte du meurtre de Lola, est attendu pour 2025. Dahbia B., accusée de viol, torture et meurtre, devra répondre de ses actes devant la cour d’assises. Delphine espère que ce procès pourra lui apporter des réponses sur les circonstances de ce drame. « J’attends de savoir ce que l’autre (nom qu’elle donne à Dahbia B.) va dire, ses réponses. On se pose toujours la question du pourquoi », déclare-t-elle. Elle porte en elle une colère immense contre la suspecte et espère que ce procès pourra lui permettre de comprendre, même si elle admet que les réponses pourraient ne jamais venir.
Une tragédie qui a secoué la France
Le meurtre de Lola, survenu en octobre 2022, a profondément marqué l’opinion publique et a suscité une vague d’émotion à travers le pays. Ce drame avait également provoqué des débats politiques, notamment autour des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Dahbia B., qui faisait l’objet d’une OQTF avant le meurtre, avait relancé la question de la gestion des étrangers en situation irrégulière, un sujet également évoqué par la mère de Lola, qui estime que « ces gens-là n’ n’ont rien à faire ici ».
Alors que le procès de Dahbia B. approche, Delphine Daviet-Ropital espère pouvoir trouver un début de paix intérieure. Pour l’instant, sa reconstruction reste fragile, marquée par la perte de sa fille et de son mari, mais elle continue de se battre pour son fils, Thibault, et pour honorer la mémoire de Lola.