Toute la semaine s’est tenu le procès des enfants placés du Nord à Châteauroux. Près de 18 personnes ont été jugées pour avoir participé à un réseau d’accueil illégal d’enfants issus de l’Aide sociale à l’enfance. Les principaux accusés encourent jusqu’à 7 ans d’emprisonnement.

« J'ai reçu des coups de pied, des coups de poing, des insultes, des humiliations »

Après avoir entendu les boniments des différents prévenus depuis lundi, est venu le temps pour les victimes de s’exprimer. Sofian, l’un des premiers à évoquer les violences, parle du « recadrage » que définissait Julien M, l’un des principaux accusés, « J’ai reçu des coups de pied, des coups de poing, des insultes, des humiliations. Ce n’est pas du recadrage, c’est de la violence gratuite. J’avais 14, 15 ans… Il faisait 150 kilos. » Angelina, autre souffre-douleur de l’ancien policier Julien M, raconte, « C’est très dur parce qu’il montre un visage qu’on n’a pas forcément vu. Nous, on connaissait le Julien méchant, et là, il se fait prendre en pitié, il est triste alors que quand il nous tapait, nous humiliait, nous insultait, à aucun moment, il n’avait un visage de pitié.Tous les jeunes, même ceux qui ne sont pas là aujourd’hui, on a déjà beaucoup souffert. Et ne pas le reconnaître aujourd’hui, ça nous fait encore plus souffrir et il ne s’en rend même pas compte. » Pour Camila, ce procès était très attendu, « J’ai surtout hâte que mes amis prennent la parole parce que ça les a beaucoup détruits. Il y en a que je connaissais d’avant, quand j’étais plus jeune. En les voyant grandir, ils ont des tics, des symptômes post-traumatiques. Moi-même, j’ai été diagnostiquée avec un taux élevé de dépression, d’anxiété. Après eux, je n’ai jamais eu de suivi psychologique. On était des enfants et ils nous ont brisés. » 

« Ce n’est pas l’ASE qui a pissé sur Matthias »

Ce vendredi avait lieu les réquisitions. La défense, assurée par la substitut du procureur castelroussin, Amélie Rousset, a tenu la dragée haute aux diverses provocations des accusés, « Nous pouvons placer le projecteur sur l’aide sociale et ses dysfonctionnements.[…] Des interrogations que je partage […] [l’incarnation d’une] méprise systémique de la protection de l’enfance. Mais, le procès, ce sont eux. Ces dysfonctionnements [de l’ASE] ne doivent en rien diluer leur responsabilité pénale. Ce n’est pas l’ASE qui a, je reprends les mots de la procédure, “pissé sur Matthias”. » Julien M et Bruno C, les principaux accusés se sont vu inculpés pour, violences en réunion, administration de substance nuisible, exécution en bande organisée d’un travail dissimulé, accueil collectif de mineurs à caractère éducatif sans déclaration préalable, et uniquement pour Bruno C, soumission d’un mineur à des conditions d’hébergement indignes. Le ministère public a requis pour chacun une peine de 7 ans d’emprisonnement avec placement immédiat en détention, 20 000 euros d’amende, ainsi que l’interdiction d’exercer toute activité dans le domaine de l’aide à la personne, en lien avec les mineurs, ou de gérer une entreprise. Pour le reste des accusés, les peines ne comportent que des amendes, et des peines d’emprisonnement inférieures à deux ans. Mais est-ce une juste sentence pour avoir « brisé » plus de 18 personnes ? 

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