Une onde de choc pour certains. Prévisible pour d’autres. Donald Trump, huit ans après sa première investiture, le 8 novembre 2016, a été réélu au suffrage universel indirect en obtenant 295 grands électeurs dépassant ainsi les 270 nécessaires pour la victoire. En France, une partie de la classe politique exulte. Mais qu’est-ce que la victoire de Donald Trump signifie pour la France ?
La France et les États-Unis ensemble pour la paix ?
Emmanuel Macron se tient prêt. « Félicitations Président Donald Trump. Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes. Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité », a écrit le chef de l’Etat français, sur le réseau social X. Peu de temps après sa réélection, celui qui scande à qui veut « Make America Great Again », s’est entretenu au téléphone avec son homologue français, lors d’un « bon échange de 25 minutes ». Ensemble, ils auraient exprimé leur « volonté d’œuvrer au retour de la paix et de la stabilité » face aux « grandes crises internationales en cours », en Ukraine et au Proche-Orient, selon l’Élysée.
Un espoir pour l’Europe
De cette victoire présidentielle, Emmanuel Macron en tire un grand espoir pour l’Europe. « Macron a une idée très claire de ce qu’un Trump 2.0 signifie pour l’Union européenne », a dit à l’AFP Mujtaba Rahman, du groupe de réflexion Eurasia Group. « Et de fait, on a observé une réaction très forte et rapide de sa part », afin de donner le ton au « message public » des Européens, a-t-il encore ajouté. Emmanuel Macron voit dans le retour de Donald Trump une opportunité pour l’Europe.
Avec Trump, un désengagement rapide des États-Unis vis-à-vis de l’Europe et de l’Ukraine est probable, ce qui renforcerait le besoin d’une Europe plus autonome et unie. Macron pense donc pouvoir jouer un rôle de leader européen face à ce vide que pourrait laisser Washington. Affaibli politiquement en France, Macron voit là une chance de retrouver de l’influence en s’imposant sur la scène européenne. Selon ses proches, il espère que ce contexte poussera l’UE à enfin « prendre son destin en main », comme l’a récemment exprimé Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement.
Victoire de Donald Trump : une victoire pour Marine Le Pen ?
Une élection « porteuse d’espérance pour les Etats-Unis, (…) pour le monde (…) et la France », a déclaré Eric Ciotti, l’ex-patron de la droite, allié minoritaire de Marine Le Pen. « Quelle leçon pour tous ces démocrates de bazar », a écrit de son côté Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national, mercredi, sur le réseau social X. Pour Marine Le Pen, c’est un peu différent. Si en 2016, elle n’avait pas caché son enthousiasme face à la victoire de Trump, son ton est aujourd’hui beaucoup plus mesuré. Bien qu’une partie du Rassemblement National et des alliés européens de Le Pen, comme Salvini et Orban, célèbrent ce retour, elle préfère jouer la prudence. En quête de respectabilité et d’un électorat modéré en France, elle prend ses distances pour éviter de s’associer aux excès de Donald Trump, comme ses provocations publiques ou sa gestion controversée du Capitole et de la pandémie.
La victoire du milliardaire américain peut être risquée pour elle. Sa stratégie de normalisation contraste avec l’approche de Donald Trump, qui, lui, ne se retient jamais d’aller dans l’extrême pour mobiliser ses partisans. Si Donald Trump suit ses promesses radicales comme les grandes expulsions de migrants ou des reculs sur l’IVG, Marine Le Pen pourrait avoir du mal à convaincre un électorat modéré, notamment parmi les femmes, qui constituent un parti croissant de ses soutiens. Ainsi, même si le succès de Donald Trump excitent quelques personnalités du RN, la leader du parti reste consciente que le contexte français rend délicate une quelconque association trop étroite avec lui. La propagande anti-Trump pourrait de nouveau la desservir, compliquant sa propre campagne vers 2027.