Le dimanche 19 janvier a marqué un tournant dans la guerre de la bande de Gaza avec la libération des trois premiers otages israéliens depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Doron Steinbrecher, Emily Damari et Romi Gonen, âgés respectivement de 31, 28 et 24 ans, ont retrouvé la liberté après plus de quinze mois de captivité. Ces femmes avaient été enlevées le 7 octobre 2023 lors des attaques du Hamas, deux d’entre elles dans le kibboutz de Kfar Aza, et la troisième au festival de musique électronique Supernova, où des dizaines de jeunes avaient été pris pour cible.
Quel est l’état de santé des otages libérés ?
Les otages ont été transférés en Israël par hélicoptère avant d’être transportées à l’hôpital Sheba, le plus grand du pays, où un service médical dédié a été mis en place pour évaluer leur état de santé et les accompagner dans leur réhabilitation. L’émotion était palpable parmi les équipes médicales et les familles qui attendaient de pouvoir enfin serrer dans leurs bras des êtres chers. « Emily, Doron et Romi sont enfin en route vers chez elles », a déclaré avec une vive émotion le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari.
Cependant, ces retrouvailles ont été teintées d’inquiétude. Emily Damari, l’une des trois femmes libérées, portait un bandage à la main, plusieurs doigts sectionnés, conséquence apparente de violences subies lors de son enlèvement. Ces blessures sont un sombre témoignage des conditions brutales de leur captivité, tandis que le flou persiste quant aux épreuves psychologiques et physiques qu’elles ont endurées. Les experts craignent que ces femmes, comme tant d’autres otages encore retenus à Gaza, portent les stigmates de cette expérience pendant des années.
Cette libération est un premier pas vers la libération des 91 otages restants, dont certains sont des enfants et des personnes âgées. Pour beaucoup de familles, l’angoisse persiste cependant : 34 otages sont déclarés morts, et la situation des autres demeures incertaine. Le Hamas, bien que sous pression des médiateurs internationaux, contrôle la liste des libérations, ce qui complique les négociations à venir.
90 prisonniers palestiniens libérés : un geste humanitaire ou un compromis contesté ?
Dans le cadre de cet accord de cessez-le-feu, Israël a également procédé à la libération de 90 prisonniers palestiniens, en grande majorité des femmes et des mineurs. Ces prisonniers avaient été détenus pour des infractions variées, allant de simples manifestations à des attaques plus graves, reflétant les tensions omniprésentes entre les deux camps.
Pour comprendre les raisons de leur emprisonnement, il faut revenir sur le contexte de la politique sécuritaire israélienne en Cisjordanie et à Gaza. Les accusations les plus fréquentes portées contre les Palestiniens incluent leur participation à des manifestations violentes, des affrontements avec les forces israéliennes, et, dans certains cas, des activités associées à des groupes armés comme le Hamas ou le Jihad islamique. D’autres prisonniers, en revanche, avaient été arrêtés pour des raisons moins évidentes, comme leur implication dans des activités politiques jugées subversives par Israël.
Cette libération représente bien plus qu’un simple geste humanitaire. Pour la société palestinienne, les prisonniers incarnent le symbole de la résistance face à l’occupation. L’émotion était forte dans les territoires palestiniens à l’annonce de ces libérations. Des familles entières attendaient avec impatience le retour de leurs proches, certains emprisonnés depuis des années. Cependant, les souvenirs des conditions de détention restent vifs : des rapports récents de l’ONU et d’ONG internationales ont énoncé les abus dont ces prisonniers auraient pu être victimes, y compris torture, mauvais traitements et privations. Par ailleurs, Israël a exclu de cette libération certains prisonniers jugés particulièrement dangereux, comme Marwan Barghouti, figure emblématique de la résistance palestinienne, ou encore les responsables des attaques du 7 octobre. Cette sélection controversée alimente un débat sur la justice et la sécurité, tant au sein de la société israélienne que palestinienne.
Un cessez-le-feu fragile : que réserve l'avenir pour otages et prisonniers ?
L’accord de cessez-le-feu en vigueur est prévu pour durer six semaines, avec des étapes progressives visant à apaiser les tensions. Pendant cette période, le Hamas doit libérer un total de 33 otages israéliens, en échange de la libération par Israël de 1 900 prisonniers palestiniens. Ces libérations s’étalent sur toute la durée de la trêve, avec des discussions continuent pour négocier les phases suivantes. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si cet accord peut réellement tenir. La deuxième phase des négociations portera sur la libération des otages restants, en particulier des hommes en âge d’être mobilisés et des soldats capturés. Israël insiste sur le fait que tous les otages, vivants ou morts, doivent être rendus avant tout retrait complet de ses troupes de Gaza. De son côté, le Hamas a exigé la libération de personnalités politiques majeures comme Marwan Barghouti et de certains responsables de la résistance armée, ce qu’Israël refuse catégoriquement.
Au-delà des échanges d’otages et de prisonniers, le cessez-le-feu prévoit également un plan ambitieux d’acheminement d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, avec l’entrée de 600 camions d’aide par jour. Cette aide est essentielle pour les millions de Gazaouis déplacés ou vivants dans des conditions désastreuses après quinze mois de guerre. Cependant, la reconstruction de Gaza, qui devrait être la troisième phase de l’accord, soulève de nombreuses interrogations. L’implication de la communauté internationale sera cruciale pour garantir une aide durable, mais les désaccords politiques entre Israël et le Hamas risquent de compliquer cette tâche. Enfin, la question centrale demeure : cet accord peut-il réellement aboutir à une paix durable ou n’est-il qu’une trêve temporaire avant une reprise des hostilités ? Si le cessez-le-feu est un signe d’espoir pour de nombreuses familles des deux côtés, les tensions restent vives, et chaque violation de l’accord pourrait raviver un conflit encore plus destructeur.