Entre 2021 et 2023 pour l’une des victimes et 2022 et 2023 pour l’autre, l’accusé a administré à ses filles des somnifères et des anxiolytiques afin qu’elles ne soient pas conscientes des agressions subies. Selon l’accusation, cet homme, décrit comme un « pervers narcissique », avait mis tout son entourage sous emprise, y compris la mère des jumelles, qui avait quitté le domicile familial en 2009.
C’est en 2023 que les faits ont été dénoncés de manière aussi inattendue que bouleversante. L’une des victimes a révélé les abus subis à un détenu de la prison d’Avignon avec lequel elle échangeait en ligne. Ce dernier lui a alors conseillé de récupérer des preuves tangibles des viols. Le 29 mai 2023, la jeune femme a suivi ce conseil en conservant un échantillon biologique de son agresseur, avant de fuir vers Marseille où elle a trouvé refuge chez l’épouse du détenu, qui a porté plainte.
Une stratégie de manipulation et d'emprise
D’après les expertises psychiatriques, le père de famille souffrirait de troubles narcissiques graves, expliquant en partie sa capacité à manipuler et dominer son entourage. L’accusation a insisté sur son comportement calculateur et l’organisation méthodique des agressions, rendant ses victimes totalement vulnérables. Le tribunal a également mis en lumière l’isolement progressif des jumelles, maintenues sous une pression psychologique intense et empêchées d’avoir un réseau de soutien extérieur. La mère, qui avait quitté le domicile bien avant les faits, aurait également subi une emprise similaire, la poussant à couper tout contact avec ses filles.
Lors du procès, l’accusé a exprimé sa « profonde honte » et ses « regrets », mais la justice a retenu la gravité des faits et l’ampleur de la manipulation exercée sur ses propres enfants. Cette affaire révèle une nouvelle fois l’horreur de la soumission chimique dans les violences sexuelles. Ce phénomène avait déjà été mis en lumière par le procès des viols de Mazan : en décembre dernier, Dominique Pelicot avait été condamné à vingt ans de réclusion pour avoir livré sa femme droguée à des dizaines d’hommes.
Les associations de lutte contre les violences sexuelles dénoncent une augmentation de ces pratiques de soumission chimique, souvent utilisées dans des contextes familiaux, mais aussi dans des violences commises par des agresseurs en boîte de nuit ou dans des cercles privés. Le gouvernement a récemment annoncé vouloir renforcer la sensibilisation et les sanctions face à ces crimes, jugés d’une gravité extrême.
Un signal fort pour la justice
La condamnation de cet homme de 42 ans envoie un message fort quant à la gravité de ces crimes et la nécessité d’une vigilance accrue pour protéger les victimes potentielles de soumission chimique et d’abus sexuels. Les associations de victimes saluent cette décision judiciaire, tout en appelant à une meilleure prise en charge des victimes et à une réponse plus rapide des autorités face à ces signalements.
Cette affaire rappelle l’importance de la parole des victimes et de la solidarité qui peut émerger même dans des circonstances inattendues. Sans l’aide du détenu de la prison d’Avignon et de son épouse, les agressions auraient pu perdurer encore longtemps, soulignant la nécessité pour la société d’être à l’écoute et de réagir rapidement face à ces situations dramatiques.