Cette information, lancée par l’avocate pénaliste Samia Maktouf sur le plateau de CNews, a été rapidement et fermement démentie par les avocats du terroriste. Retour sur une polémique qui interroge sur le traitement médiatique des figures du djihadisme incarcérées.
Une annonce sensationnelle rapidement démentie
Invitée à s’exprimer sur les conditions de détention de Salah Abdeslam, l’avocate Samia Maktouf a déclaré sur CNews : « Il est en train de purger une peine incompressible et il semblerait que l’épouse qu’il a choisie parmi des centaines de demandes serait enceinte. » Elle a ajouté : « Notre État de droit l’autorise à avoir un rapport sexuel parce que ça fait partie de l’humanité, si tant est qu’il en reste un peu auprès de ces terroristes. »
Ces propos ont immédiatement déclenché de vives réactions. Contactée par Le Figaro, une source pénitentiaire a qualifié cette annonce de « fake news », soulignant l’absence de preuves venant étayer cette affirmation. Dans l’après-midi, les avocats de Salah Abdeslam, Maîtres Martin Vettes, Olivia Ronen, Benoît David, Delphine Paci et Harold Sax, ont publié un communiqué dénonçant une « polémique indigne ». « C’est parfaitement faux. Nous rappelons aussi que Monsieur Abdeslam a le droit à une vie privée, et qu’il nous appartient de défendre celle-ci, y compris en poursuivant en justice ceux qui pourraient y porter atteinte », ont-ils précisé.
Le passé carcéral d'Abdeslam et les sollicitations reçues
Condamné en juin 2022 à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour son rôle dans les attentats du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam est incarcéré dans la prison ultra-sécurisée de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Depuis son arrestation en 2016, il a reçu des centaines de courriers de la part de femmes radicalisées, dont certaines auraient tenté d’organiser un mariage religieux avec lui avant de se raviser.
Finalement, l’ex-membre des commandos djihadistes s’est marié religieusement en 2022 depuis sa cellule avec une femme choisie par son père, sans l’avoir jamais rencontrée en personne. Cette union s’est déroulée par téléphone, une pratique qui, bien que rare, est déjà survenue dans certains cas impliquant des détenus radicalisés.
Une polémique révélatrice des tensions autour du traitement médiatique du terrorisme
Si l’annonce erronée de la paternité de Salah Abdeslam a suscité une forte indignation, elle soulève également des questions plus larges sur le traitement médiatique de figures du terrorisme. En relayant une information non vérifiée, certains médias ont contribué à alimenter un débat passionné sur les droits des détenus condamnés pour terrorisme, ainsi que sur leur accès à une vie privée. Ce n’est pas la première fois que l’attention médiatique se porte sur la vie carcérale de Salah Abdeslam. En 2023, des débats similaires avaient émergé autour des conditions de détention des prisonniers radicalisés et de la manière dont ils entretiennent des liens avec l’extérieur.
Pour les avocats d’Abdeslam, cette affaire illustre une violation de la vie privée de leur client, qui pourrait donner lieu à des poursuites judiciaires. Ils rappellent que, malgré la gravité des faits reprochés, il demeure un détenu ayant des droits fondamentaux garantis par la loi. Loin d’être anodine, cette polémique montre comment le spectre du terrorisme continue d’alimenter des tensions sociétales et médiatiques en France, près de dix ans après les attentats qui ont marqué le pays.