Rapidement accusé de véhiculer des codes antisémites, le visuel a été retiré par le parti. Mais la controverse ne s’est pas arrêtée là : Jean-Luc Mélenchon est monté au créneau pour défendre son mouvement, dénonçant une attaque « calomnieuse » contre LFI.
Un visuel qui provoque l’indignation
L’image, initialement partagée par La France Insoumise, mettait en scène Cyril Hanouna dans un montage graphique qui évoquait, selon plusieurs observateurs, des affiches de propagande antisémite des années 1930. On y voyait l’animateur de Touche pas à mon poste (C8) entouré de figures médiatiques et d’éléments suggérant une mainmise sur l’opinion publique. Très vite, les réactions ont été nombreuses. Des personnalités politiques de tous bords, ainsi que des associations de lutte contre l’antisémitisme, ont dénoncé un visuel jugé problématique. L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a rapidement condamné un « détournement nauséabond qui reprend les codes de la propagande antisémite d’avant-guerre ».
Le gouvernement s’est également exprimé, plusieurs ministres jugeant que cet affichage était une « dérive inquiétante ». À droite, des élus des Républicains ont dénoncé une nouvelle preuve du « double discours » de LFI sur l’antisémitisme, tandis que le Rassemblement national a profité de l’occasion pour accuser la gauche radicale de « manipulation idéologique dangereuse ». Face au tollé, La France Insoumise a annoncé dans un communiqué le retrait immédiat de l’affiche, tout en affirmant qu’elle ne contenait aucune intention antisémite. Le parti a regretté « une interprétation malveillante » et a dénoncé « une tentative d’instrumentalisation politique ».
Mélenchon contre-attaque et dénonce un « acharnement » contre LFI
Jean-Luc Mélenchon n’a pas tardé à réagir pour défendre son parti. Lors d’une prise de parole diffusée par plusieurs médias, il a vivement dénoncé une tentative de « manipulation » visant à discréditer La France Insoumise. « Lâchez-nous ! LFI n’est pas antisémite », a-t-il lancé avec colère sur X (ex-Twitter), avant de dénoncer une nouvelle attaque contre son mouvement. « Nous sommes régulièrement la cible de calomnies absurdes et infondées », a-t-il poursuivi, estimant que la polémique autour de l’affiche relevait d’un « prétexte » pour tenter de marginaliser son parti dans le débat public.
Interrogé sur BFMTV, il a également établi un parallèle avec les caricatures publiées dans Charlie Hebdo : « Il y en a qui sont mille fois pires dans Charlie Hebdo, mais ça ne gêne personne ». Une comparaison qui n’a pas manqué de faire réagir, certains y voyant une volonté de détourner l’attention de la controverse. Mélenchon a insisté sur le fait que cette affaire s’inscrivait dans une stratégie plus large de diabolisation de son parti, visant à faire taire les voix critiques du paysage politique français. Il a également dénoncé l’acharnement dont serait victime LFI dans la presse, en particulier sur le sujet de l’antisémitisme, une accusation qui, selon lui, est instrumentalisée pour discréditer son mouvement.
Un climat politique sous tension
Cette affaire intervient dans un contexte tendu pour La France Insoumise, régulièrement accusée par ses adversaires de dérives sur les questions d’antisémitisme et de communautarisme. Ces derniers mois, plusieurs figures de la gauche radicale ont été critiquées pour leurs prises de position sur la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien ou encore le traitement des questions identitaires en France. À chaque fois, LFI a dénoncé une volonté d’instrumentalisation et de mise à l’écart politique.
Mais cette nouvelle polémique met aussi en lumière une fracture au sein de la gauche. Si certains alliés de la Nupes (notamment le PS et les écologistes) ont choisi de prendre leurs distances avec la communication de LFI, d’autres voix ont appelé à ne pas tomber dans l’exagération et à replacer le débat sur des enjeux politiques réels. L’affaire relance également la question de la liberté d’expression et des limites du discours politique. Où s’arrête la critique des médias et où commence la diffusion d’images aux connotations problématiques ? La question reste ouverte, mais une chose est sûre : cette polémique ne sera pas la dernière dans un climat politique de plus en plus polarisé en France.