Un homme de 33 ans a été arrêté en Charente-Maritime dans le cadre de l’opération Mario, un coup de filet d’ampleur nationale qui a mené à l’interpellation de 55 suspects dans un réseau pédocriminel actif sur Telegram.
L’interpellation d’un trentenaire en Charente-Maritime s’inscrit dans le cadre d’une enquête d’envergure baptisée opération Mario. Menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) et l’OCRVP, cette opération a conduit à l’arrestation de 55 hommes répartis dans 42 départements français. Parmi les suspects : un ambulancier, un professeur de musique, un habitué du site de discussion Coco, et même un évêque gallican.
Des profils a priori irréprochables, souvent insérés socialement, parfois pères de famille, qui formaient un réseau pédocriminel actif sur Telegram, une messagerie cryptée où ils échangeaient des contenus pédopornographiques, parfois autoproduits. Les images les plus choquantes concernent des enfants de moins de dix ans. L’homme interpellé en Charente-Maritime, 33 ans, a été arrêté à son domicile. Il possédait plusieurs disques durs contenant des milliers de fichiers illicites. Les enquêteurs évoquent un “volume inédit” de données et redoutent la présence de vidéos tournées par les auteurs eux-mêmes. Le suspect a été mis en examen pour détention, diffusion et production d’images pédopornographiques, ainsi que viol sur mineur de moins de 15 ans.
Telegram, la nouvelle cachette des pédocriminels
L’enquête a débuté à l’été 2024, à la suite d’un signalement anonyme sur la plateforme Pharos, qui a permis aux enquêteurs d’identifier des groupes Telegram cryptés où les individus échangeaient des contenus abjects en toute impunité. Pour remonter les membres du réseau, les autorités ont dû infiltrer ces groupes fermés, collecter les métadonnées, et recouper les éléments avec des signalements nationaux et internationaux.
Certains membres produisaient leurs propres vidéos, en mettant en scène les violences qu’ils infligeaient à des mineurs. D’autres faisaient circuler les images dans des groupes spécialisés aux noms évocateurs, souvent codés. La messagerie Telegram, prisée pour son chiffrement de bout en bout, a été utilisée comme un outil d’impunité. Ce type d’affaire, d’une extrême gravité, montre la difficulté croissante à lutter contre des réseaux qui opèrent hors des circuits habituels du web. Le ministre de l’Intérieur a salué la “coopération exemplaire” des services de cybercriminalité français et européens, et rappelé l’importance des signalements citoyens pour démanteler ces structures invisibles.
Une enquête encore en cours, des victimes à identifier
L’opération Mario n’est que le début d’un long processus judiciaire. Les services de police doivent désormais analyser plusieurs téraoctets de données afin d’identifier les enfants victimes, vérifier les liens entre les membres du réseau, et déterminer l’origine des contenus. Plusieurs suspects ont été placés en détention provisoire, tandis qu’un des hommes interpellés s’est suicidé en se défenestrant. D’autres pourraient être arrêtés dans les semaines à venir, en France comme à l’étranger, grâce à la coopération d’Europol et d’Interpol.
Le parquet indique qu’une cellule psychologique est déjà mise en place pour accompagner les éventuelles victimes identifiées. Le procureur évoque un “choc d’une violence inouïe” face aux preuves rassemblées, mais rappelle la détermination des autorités à poursuivre sans relâche les responsables.