Lors d’un échange téléphonique d’environ une heure avec Donald Trump, Vladimir Poutine a martelé que Moscou poursuivrait ses objectifs en Ukraine. Cette discussion intervient dans un contexte de désengagement américain progressif, alors que Kiev appelle l’Europe à prendre le relais.

Ce jeudi 3 juillet, Vladimir Poutine et Donald Trump se sont entretenus au téléphone pour la sixième fois depuis le retour du républicain à la Maison-Blanche. Au cœur de l’échange : la guerre en Ukraine, la situation au Moyen-Orient et les relations bilatérales entre les deux puissances. Cette conversation, qualifiée de « franche » par le Kremlin, marque un moment diplomatique fort alors que les États-Unis viennent d’annoncer une pause dans certaines livraisons d’armes à l’Ukraine.

Donald Trump, qui avait promis de régler rapidement le conflit, a reconnu n’avoir obtenu « aucun progrès » lors de cet échange. Il s’agit d’un rare aveu d’impuissance pour le président américain, qui doit désormais jongler entre promesse de désescalade et réalité du terrain.

La Russie maintient sa ligne : négociations possibles, mais objectifs inchangés

Selon les autorités russes, Vladimir Poutine a affirmé que la Russie restait attachée à une solution politique du conflit, tout en réaffirmant que Moscou ne renoncerait pas à ses objectifs. Parmi les exigences russes : la reconnaissance de l’annexion de la Crimée, la cession de quatre régions ukrainiennes actuellement partiellement occupées, et l’engagement de Kiev à ne jamais intégrer l’OTAN.

Ces conditions sont jugées inacceptables par l’Ukraine, qui dénonce depuis des mois une stratégie russe consistant à maintenir les combats pour affaiblir militairement et diplomatiquement son adversaire, tout en affichant une posture d’ouverture aux négociations.

Un tournant américain qui fragilise Kiev

L’appel entre les deux dirigeants intervient alors que Washington a annoncé, la veille, une pause dans l’envoi de certains équipements militaires à l’Ukraine. Ce ralentissement de l’aide américaine, après plus de trois ans de guerre, représente un tournant stratégique pour Kiev, qui comptait massivement sur ce soutien pour contenir l’avancée russe sur le front est. En déplacement à Copenhague, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé sa préoccupation et a exhorté les Européens à intensifier leur soutien. Il a aussi déclaré espérer parler rapidement à Donald Trump, pour tenter de clarifier la position américaine. Les deux hommes s’étaient rencontrés en marge du sommet de l’OTAN la semaine précédente.

Cette conversation russo-américaine s’inscrit dans un moment de réactivation diplomatique inattendue. Mardi, le président français Emmanuel Macron a lui aussi échangé par téléphone avec Vladimir Poutine, pour la première fois depuis février 2022. Ce contact marque une rupture avec la ligne européenne dominante, qui prônait jusqu’ici l’isolement total du Kremlin. Vladimir Poutine a également profité de son échange avec Donald Trump pour évoquer les conflits au Moyen-Orient, notamment la guerre entre l’Iran et Israël, et la situation en Syrie. Il a plaidé pour un règlement exclusivement politique et diplomatique de ces crises, selon les déclarations du conseiller diplomatique du Kremlin.

Un climat de défiance, mais aussi d'opportunités pour Moscou

Depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine, la Russie semble profiter d’un climat diplomatique plus favorable. Alors que les tensions s’accumulent entre les États-Unis et certains de leurs alliés, Moscou multiplie les signaux d’ouverture, tout en conservant une ligne inflexible sur l’Ukraine. La conversation entre les deux chefs d’État a également abordé des projets économiques bilatéraux, notamment dans les domaines de l’énergie et de la recherche spatiale, confirmant une volonté commune de maintenir certains canaux de coopération malgré la crise géopolitique.

Face à la position inchangée du Kremlin et au ralentissement du soutien militaire américain, l’Ukraine pourrait se retrouver dans une impasse diplomatique et opérationnelle. Le risque pour Kiev : être contraint à négocier dans une position de faiblesse, alors même que les combats se poursuivent sur plusieurs fronts. Les mois à venir seront décisifs. Ils diront si la diplomatie peut véritablement reprendre le dessus, ou si la guerre s’enlise dans un nouvel équilibre instable, sur fond de reconfigurations géopolitiques majeures.

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