Selon une enquête du Wall Street Journal publiée le jeudi 17 juillet, Donald Trump aurait adressé une lettre à connotation sexuelle à Jeffrey Epstein à l’occasion de son 50e anniversaire en 2003. À cette époque, Ghislaine Maxwell, compagne du financier américain, avait sollicité des proches du milliardaire pour remplir un livre d’or commémoratif. Parmi les contributeurs figurent plusieurs figures connues, dont Donald Trump, alors magnat de l’immobilier à New York.
Le Wall Street Journal affirme avoir vu la lettre : un message tapé à la machine, encadré par les contours d’une femme nue dessinés au marqueur. La signature de Donald Trump serait apposée sous la zone pubienne du dessin. Ce document ferait partie d’une collection de messages à tonalité érotique reçus par Epstein pour son anniversaire.
Trump contre-attaque : "Un article faux, malveillant et diffamatoire"
Très vite, Donald Trump a réagi avec virulence. Sur son réseau social Truth Social, il a dénoncé un « article faux, malveillant et diffamatoire », accusant le Wall Street Journal, le groupe News Corp et Rupert Murdoch de mener une campagne de dénigrement. L’ancien président a annoncé son intention de poursuivre le journal et ses propriétaires en justice, affirmant avoir prévenu « personnellement » les dirigeants du média avant la publication de l’article. Selon lui, s’il y avait eu « la moindre trace de vérité dans le canular Epstein », ses adversaires politiques s’en seraient déjà saisis depuis longtemps. Il estime que cette publication n’a pour but que de salir son image, au moment où il prépare activement son retour sur la scène présidentielle.
Cette affaire intervient alors que les partisans de Trump, notamment issus du mouvement MAGA (Make America Great Again), espéraient de nouvelles révélations autour du dossier Epstein. Le ministère de la Justice et le FBI ont pourtant confirmé récemment, après un examen complet, qu’il n’existait ni liste de clients du réseau d’exploitation sexuelle de Jeffrey Epstein, ni preuve de chantage visant des personnalités publiques. Les autorités maintiennent que la mort du financier en prison, en août 2019, était bien un suicide. Ces conclusions officielles ont provoqué la frustration d’une partie de la base électorale de Donald Trump, qui comptait sur son retour au pouvoir pour faire éclater la vérité. Visiblement agacé, Trump a accusé certains « républicains stupides et idiots » de faire le jeu des démocrates en entretenant ces polémiques internes.
Une affaire explosive à l’aube de la campagne présidentielle
La controverse autour de cette prétendue lettre salace survient dans un moment stratégique pour Donald Trump, à l’orée d’une nouvelle campagne présidentielle qu’il espère victorieuse. Pour un candidat qui mise sur une image de force, d’autorité et de vérité face à l’ »establishment », toute association — même ancienne et indirecte — au nom de Jeffrey Epstein s’avère politiquement toxique. D’autant plus que cette révélation ne tombe pas par hasard : une partie de sa propre base, notamment les franges les plus radicales du mouvement MAGA, multiplient les interrogations autour du manque de transparence dans l’affaire Epstein. Ces soutiens, autrefois inconditionnels, espéraient du président Trump un « nettoyage » systémique, une levée du secret sur les agissements du financier, et une mise en lumière des liens présumés avec des figures d’élite. Le décalage entre cette attente et les résultats concrets de son mandat nourrit une certaine défiance — et la moindre rumeur devient une bombe à retardement.
La publication de cette lettre, même sans contenu illégal, renforce ce climat de suspicion et fait vaciller la narration que Donald Trump essaie de reprendre en main. En lançant une attaque judiciaire contre le Wall Street Journal, il tente non seulement de défendre son image, mais aussi de reprendre l’ascendant sur une actualité qui lui échappe. Le combat qu’il engage contre la presse pourrait bien se transformer en un test politique de grande ampleur : sa capacité à contrôler le récit, à éteindre les doutes, et à reconsolider son électorat à l’heure où la moindre faiblesse devient une opportunité pour ses rivaux.