Des chercheurs britanniques ont mis au point un protocole baptisé “Fastball”, basé sur un électroencéphalogramme de trois minutes, capable de repérer des troubles de la mémoire liés à Alzheimer bien avant qu’un diagnostic clinique ne soit posé. Si les résultats sont prometteurs, de vastes études restent nécessaires.

Diagnostiquer la maladie d’Alzheimer reste aujourd’hui un défi majeur : les symptômes apparaissent souvent tardivement et les patients sont diagnostiqués à un stade déjà avancé. C’est ce que pourrait changer Fastball, une nouvelle méthode développée par une équipe de chercheurs britanniques et publiée le 1er septembre dans la revue Brain Communications.

Le dispositif repose sur un simple électroencéphalogramme (EEG) portatif, utilisable à domicile. Pendant trois minutes, le patient observe une série d’images défilant sur un écran. L’appareil enregistre alors son activité cérébrale de manière passive. Selon l’étude, cette technologie peu coûteuse et non invasive permet d’identifier de façon fiable des troubles de mémoire précoces, parfois annonciateurs de la maladie d’Alzheimer.

Des résultats encourageants mais encore limités

Pour l’instant, le protocole reste expérimental. L’étude a été menée sur un échantillon restreint de 107 personnes : 33 souffrant de pertes de mémoire, 20 présentant d’autres troubles cognitifs et 54 sans problème apparent. Les chercheurs ont constaté que Fastball distinguait bien les participants atteints de troubles neurocognitifs légers, considérés comme un possible signe précurseur de la maladie. George Stothart, premier auteur de l’étude, précise toutefois que l’outil ne permet pas de poser un diagnostic autonome : « Les patients pourront faire le test chez eux, mais les résultats devront toujours être interprétés par un médecin. »

Si l’innovation est saluée comme une avancée majeure, certains experts appellent à la prudence. John Hardy, neuroscientifique à l’Institut britannique de recherche sur la démence, rappelle que ce protocole « ne fait pas la différence entre des premiers symptômes d’Alzheimer et d’autres causes de déclin cognitif ». Pour lui, il faudra combiner ce type d’examen à d’autres approches, comme l’imagerie cérébrale ou la recherche de biomarqueurs. De son côté, Tara Spires-Jones, spécialiste en neurodégénérescence au UK Dementia Research Institute et à l’université d’Édimbourg, souligne que « l’étude a été bien menée, mais sur un nombre de participants relativement réduit ». Elle insiste sur la nécessité de reproduire ces résultats sur de larges cohortes pour confirmer leur fiabilité.

Vers des études de grande ampleur

Conscients de ces limites, les chercheurs ont déjà lancé deux nouvelles études de grande envergure, l’une au Royaume-Uni et l’autre aux États-Unis, impliquant chacune près de 1 000 volontaires. L’objectif est de consolider la base de données, d’affiner la précision du protocole et, à terme, de valider son usage à grande échelle.

S’il venait à être confirmé, Fastball pourrait révolutionner la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Détecter les signes précurseurs des années avant l’apparition des symptômes cliniques permettrait d’initier plus tôt les traitements, d’adapter les prises en charge et peut-être de ralentir l’évolution de cette pathologie qui touche près de 55 millions de personnes dans le monde.

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