Alors qu’un fragile cessez-le-feu est en vigueur depuis le 10 octobre, des frappes israéliennes ont tué au moins 50 personnes à Gaza ce mardi soir. Israël accuse le Hamas d’avoir violé l’accord, ce que le mouvement islamiste dément.

Les espoirs d’une paix durable à Gaza s’éloignent à nouveau. Mardi 28 octobre au soir, Israël a ordonné une série de frappes aériennes sur la bande de Gaza, en riposte, selon Tel-Aviv, à une attaque du Hamas contre des soldats israéliens. Le mouvement islamiste nie toute implication et accuse à son tour Israël d’avoir rompu la trêve en vigueur depuis le 10 octobre, sous médiation américaine.

Des frappes meurtrières dans le nord et le sud de Gaza

Selon la Défense civile à Gaza, qui dépend des autorités du Hamas, au moins 50 personnes ont été tuées, dont 22 enfants, dans les bombardements de mardi.
Plusieurs zones densément peuplées ont été visées : un appartement dans le quartier Amal, à Khan Younès, où un enfant a perdu la vie, une maison familiale à Sabra, dans le sud de la ville de Gaza, et même la cour de l’hôpital al-Chifa, selon son directeur, le docteur Mohammed Abou Salmiya.

« Un véhicule civil a été touché à Khan Younès, tuant cinq personnes, dont deux enfants et une femme », a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile.
« D’autres frappes ont visé des tentes de déplacés à al-Zawayda. » Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des secouristes cherchant des survivants dans les décombres, sous les sirènes et les cris.

Israël accuse le Hamas de violations de la trêve

Quelques heures après les bombardements, le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a confirmé avoir ordonné des frappes “immédiates”. Selon son gouvernement, des combattants du Hamas auraient ouvert le feu sur des soldats israéliens près de Rafah, dans le sud du territoire. « Il s’agit d’une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu », a déclaré Shosh Bedrosian, porte-parole du gouvernement israélien. « En termes de conséquences pour le Hamas, rien n’est exclu. »

Le Hamas, de son côté, dément toute attaque et affirme « respecter pleinement la trêve » conclue il y a deux semaines. Dans un communiqué, les Brigades Al-Qassam, son bras armé, ont toutefois annoncé le report de la remise d’une dépouille d’otage, dénonçant « les violations de l’occupation ».

Le point de tension : la restitution des otages

La restitution des corps et des otages encore détenus à Gaza reste au cœur des tensions entre Israël et le Hamas. Selon les termes de la trêve du 10 octobre — négociée sous l’égide du président américain Donald Trump —, le Hamas devait restituer les dépouilles des 28 otages décédés qu’il détenait, après avoir libéré les 20 captifs encore en vie. Mais au 28 octobre, seuls 15 corps avaient été rendus, le mouvement invoquant « les difficultés à retrouver les dépouilles » dans un territoire dévasté. La situation s’est envenimée lundi soir, lorsqu’Israël a accusé le Hamas d’avoir « mis en scène » la découverte du corps d’un otage, Ofir Tzarfati, dont une partie des restes avait déjà été rapatriée deux ans plus tôt.

« Le Hamas a creusé un trou, y a déposé des restes humains, et l’a ensuite filmé avant de remettre le corps à la Croix-Rouge », a affirmé Shosh Bedrosian.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé « ne pas avoir été informé » de cette mise en scène et a jugé l’incident « inacceptable ».

Un cessez-le-feu sous haute tension

Malgré ces affrontements, le cessez-le-feu n’a pas officiellement été rompu, selon Washington. « Le cessez-le-feu tient. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de petits accrochages », a déclaré le vice-président américain JD Vance, ajoutant que le président Donald Trump “croit à la stabilité du plan de paix”. À Paris, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé « toutes les parties à respecter le cessez-le-feu », tout en condamnant les possibles violations.

« Les informations selon lesquelles le Hamas aurait ouvert le feu sur des soldats israéliens ou menti sur la restitution du corps d’un otage sont inacceptables si elles sont avérées », a-t-il déclaré. La France a également annoncé qu’elle coorganiserait avec les États-Unis et l’Égypte une conférence internationale sur la reconstruction et l’aide humanitaire à Gaza.

70 000 morts en deux ans, et un avenir incertain

Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, 1 221 Israéliens — en majorité des civils — ont été tués. En riposte, l’offensive israélienne à Gaza a causé près de 70 000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire sans précédent. Deux ans plus tard, les tensions restent vives. Le plan Trump, censé déboucher sur le désarmement du Hamas et un retrait progressif d’Israël, semble plus fragile que jamais. « Chaque violation, chaque frappe remet en cause la possibilité même d’une paix durable », estime un diplomate européen présent au Caire.

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