Selon le bilan 2024 de Santé publique France, l’Île-de-France ne représente que 18 % de la population française, mais concentre 40 % des nouveaux diagnostics. Pire encore, environ 3 940 Franciliens seraient porteurs du virus sans le savoir. Ce retard de diagnostic a des conséquences importantes : non seulement il favorise la transmission, mais il retarde la mise en place des traitements, qui permettent aujourd’hui à une personne séropositive de vivre normalement et sans risque de contaminer autrui.
« Le dépistage précoce reste la pierre angulaire de la réponse au VIH », souligne l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS). « Or, en Île-de-France, il demeure trop tardif. »
Un plan régional pour viser le “zéro transmission” d’ici 2030
Face à ces chiffres, l’ARS d’Île-de-France et l’ANRS relancent le programme “VIH Zéro en Île-de-France en 2030”. Objectif : atteindre l’élimination de la transmission du virus d’ici six ans, grâce à trois axes d’action prioritaires :
- Dépister plus, et plus tôt
- Déploiement de nouvelles campagnes de tests rapides, en particulier dans les zones à forte précarité et auprès des jeunes.
- Création prochaine d’une carte interactive répertoriant tous les lieux de dépistage, leurs horaires et les publics ciblés.
- Généralisation des dépistages gratuits, anonymes et sans rendez-vous.
- Mieux informer sur le VIH et combattre les inégalités
- Des rencontres avec les collectivités, écoles, universités et associations locales seront organisées pour adapter la prévention aux réalités de chaque territoire.
- L’accent sera mis sur la lutte contre la désinformation, toujours forte dans certains milieux sociaux ou culturels.
- Faciliter l’accès à la PrEP (prophylaxie pré-exposition)
- Ce traitement préventif, administré aux personnes séronégatives exposées au risque, réduit quasiment à zéro la probabilité d’infection.
- Pourtant, il reste encore sous-utilisé : seuls 6 580 nouveaux utilisateurs ont été recensés entre 2023 et 2024, majoritairement des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, vivant à Paris.
« Les femmes, les jeunes et les populations migrantes n’ont pas encore ce réflexe de prévention », constate l’ARS, qui souhaite étendre l’accès à la PrEP dans les associations communautaires, les centres de santé et les hôpitaux publics.
Des disparités sociales et territoriales préoccupantes
Si Paris concentre la majorité des initiatives et des moyens, la situation reste plus fragile dans les départements de la grande couronne, où l’accès au dépistage et aux soins demeure inégal. Dans certaines zones du 93, du 94 ou du 95, la précarité, la peur du regard social et le manque d’informations freinent encore les démarches de prévention. L’ARS prévoit donc un renforcement des campagnes locales, en partenariat avec les collectivités territoriales et les associations de terrain.
Aujourd’hui, grâce aux progrès de la recherche, le VIH n’est plus une condamnation à mort. Les traitements antirétroviraux permettent de rendre la charge virale indétectable, ce qui signifie non transmissible (“I = I”). Mais pour cela, encore faut-il connaître sa séropositivité.« Chaque diagnostic tardif est une perte de chance pour le patient et un risque de transmission pour la société », rappelle l’ANRS. Dépister tôt, c’est permettre un traitement efficace dès le début et empêcher la propagation du virus — deux conditions indispensables pour atteindre le zéro transmission d’ici 2030.

L’Île-de-France en première ligne de la lutte mondiale
La Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée chaque 1er décembre, rappelle que la bataille n’est pas terminée. Malgré les avancées médicales, près de 170 000 personnes vivent avec le VIH en France, et près d’un quart d’entre elles ignorent encore leur statut sérologique. En Île-de-France, région la plus touchée du pays, l’enjeu est autant sanitaire que social. Le plan “VIH Zéro en 2030” mise sur une approche territoriale, inclusive et scientifique, pour que plus personne ne meure ni ne vive avec le VIH sans le savoir.


