On pourrait presque le comparer à un phénomène TikTok. Une tendance que tous les jeunes veulent saisir. Pourtant, les principales idées du jeune chouchou de Marine Le Pen se basent sur un socle solide de xénophobie décomplexée. Et c’est bien à ce sujet qu’il réussit à rassembler tant les jeunes que les retraités.
Jordan Bardella : de TikTok à l’Assemblée nationale
C’est le grand favori des sondages. Jordan Bardella, érigé en prince politicien, mène avec brio sa campagne. Impeccable sur la forme, moins sur le fond, il a su saisir l’attention d’une audience jusqu’alors désintéressée de la politique comme les jeunes, à peine en âge de voter, mais aussi ceux découragés par les figures politiques qui ne répondent plus à leurs attentes, comme les CSP+ ou les retraités. Et tous se rejoignent sur un point : l’immigration. À moins d’une semaine des votes, le 9 juin, le RN poursuit sa progression avec 33% d’intention de vote, avec une marge d’erreur de 1,2 point de pourcentage.
Le point fort du RN ? Sans conteste, Jordan Bardella. Il est arrivé sur TikTok, bien déterminé à, d’une pierre deux coups, dédiaboliser le parti de Marine Le Pen mais également de moderniser des idées rétrogrades. Un joli tour de passe-passe qui porte ses fruits puisqu’il réunit 1,3 million d’abonnés sur la plateforme adorée des jeunes. Ses vidéos dépassent les deux millions de vues et lors de ses meetings, il est acclamé à l’image d’une rockstar.
Un orateur qui séduit
Dimanche 2 juin, Jordan Bardella a réuni beaucoup de jeunes à Paris lors de son meeting. Devant une Marine Le Pen fière. Très fière de son poulain. Et du côté des jeunes militants, l’adoration est telle qu’ils, pour beaucoup, en oublient ce que son programme contient. « C’est l’idole des jeunes, tout le monde l’adore chez moi ! », déclare Tristan, un jeune militant de 21 ans interrogé par l’Humanité. « Par rapport à Marine (Le Pen), Jordan a quelque chose en plus qui donne envie de militer. Il nous donne espoir que la politique va changer, que c’est fini, la dictature des élites et des pseudo-valeurs de gauche », a expliqué Léo, membre du syndicat étudiant très marqué à droite Uni.
Jordan Bardella appelé pour « sauver la racaille »
Mais alors, quelles propositions qui concernent les jeunes séduisent autant ? Ils ne savent pas tellement. « L’important, c’est la vision de la France », assure un certain Pierre-Marie, avant d’être coupé par un de ses camarades : « Jordan va nous sauver de la racaille ». Comment le savent-ils ? « Il détruit tout le monde dans les débats, a toujours les bonnes phrases », et c’est ce qui semble compter. Détruire tout le monde. « Jordan, c’est le sauveur de notre France. Aujourd’hui, tout l’argent public va vers les grandes villes, les banlieues, les migrants, c’est insupportable. Avec Jordan, ce sera “d’abord les Français, dehors les étrangers“ ! », estime Aymeric, toujours auprès de l’Humanité.
Les abstentionnistes, toujours très présents
Si les jeunes militants sont très visibles de par leurs prises de positions, les jeunes qui s’abstiennent de voter sont également très nombreux. « Il y a un vrai déficit d’information chez les jeunes », regrette Clara Michielini, porte-parole de l’association « A voté », sur France Info. « On voit que la plupart des jeunes qui disent ne pas aller voter, c’est souvent parce qu’ils manquent d’informations sur le scrutin », précise-t-elle. « On a une jeunesse qui croit un peu moins à l’expression via le vote ». En 2019, 62 % des jeunes en France s’étaient abstenus, soit nettement plus que la moyenne française (50 %) selon une enquête réalisée par Kantar juste après l’élection.