Un Français de 53 ans a abattu un homme d’origine tunisienne et blessé un autre, samedi soir à Puget-sur-Argens. Avant et après les faits, il a diffusé deux vidéos à caractère raciste sur les réseaux sociaux.
Un drame glaçant s’est déroulé samedi 1er juin à Puget-sur-Argens, dans le Var. Un homme de 53 ans, de nationalité française, a ouvert le feu sur deux de ses voisins. L’un, de nationalité tunisienne, est décédé. L’autre, d’origine turque, a été grièvement blessé. Mais au-delà de la violence des actes, c’est la dimension haineuse et préméditée qui choque : le suspect avait diffusé, avant et après la fusillade, deux vidéos contenant des propos racistes et haineux. Il a été interpellé peu après les faits avec un arsenal dans son véhicule.
Un acte violent et ciblé, accompagné de messages de haine
L’alerte a été donnée par la compagne du tireur présumé. Les gendarmes, épaulés par le GIGN d’Orange, sont intervenus rapidement pour interpeller le suspect alors qu’il prenait la fuite en voiture. Dans le véhicule, les forces de l’ordre ont retrouvé plusieurs armes : un pistolet automatique, un fusil à pompe et une arme de poing. La première victime, possiblement âgée de 35 ans, de nationalité tunisienne, a été tuée sur le coup. La seconde, un homme de 25 ans de nationalité turque, a été blessée à la main et transférée à l’hôpital de Fréjus.
Le suspect, adepte du tir sportif, n’était pas inconnu de ses voisins, mais rien dans ses antécédents ne laissait présager une telle explosion de violence. D’après les premiers éléments de l’enquête, il aurait ciblé ses victimes en raison de leurs origines. Deux vidéos au contenu explicitement raciste, publiées sur un réseau social, – dont le nom n’a pas été précisé par le procureur – avant et après le passage à l’acte, ont immédiatement alerté les autorités. Ces publications laissent peu de doute quant au mobile haineux de cet acte.
Un crime raciste qui interroge sur la montée de la haine en France
Le parquet de Draguignan a ouvert une enquête de flagrance pour meurtre et tentative de meurtre commis en raison de l’appartenance, vraie ou supposée, des victimes à une ethnie, nation, race ou religion, aggravé par la concomitance d’un autre crime. L’affaire a été confiée à la brigade de recherches de Draguignan. Le suspect, en garde à vue, pourrait être mis en examen dans les prochaines heures. L’association SOS Racisme a réagi dans la soirée en dénonçant un climat de libération de la parole raciste. « Le racisme a encore frappé dans notre pays », a déclaré Dominique Sopo, président de l’association. « Ce double crime n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Il est le résultat d’un travail minutieux mené par le camp du racisme et visant à rendre à nouveau légitime l’expression du racisme en mots et en actes. Face à cette sinistre évolution, il est urgent que les responsables politiques et les médias cessent d’ignorer la parole antiraciste, quand ils ne travaillent pas à la marginaliser », a-t-il alerté.
Ce drame, d’une rare violence, ravive les inquiétudes autour de la banalisation de discours xénophobes, en ligne comme dans la sphère publique. Il pose aussi une question : comment prévenir ces passages à l’acte, quand les signaux de radicalisation se mêlent à la solitude, à la haine et à l’impunité numérique ? Dans une société française de plus en plus polarisée, ce fait divers tragique résonne comme un avertissement.