Notre humeur peut être changeante. On peut être très heureux pendant quelques heures puis connaître un profond sentiment de tristesse l’heure d’après. Et si vous forcer à sourire était une bonne solution ?
Tout le monde connaît des baisses de moral, c’est parfaitement normal. Pas besoin d’être déprimé pour connaître des pics de tristesse. Mauvaise nouvelle, mauvais temps, mauvais réveil ou encore rupture amoureuse : nous avons tous nos raisons. Et lorsque notre moral nous lâche, on fait généralement tout pour pallier ce sentiment amer. En vain, bien souvent. Et s’il suffisait en fait, de se forcer à sourire pour améliorer notre humeur du jour ? Absurde ? Pas tant que ça si l’on en croit les différents travaux faits à ce sujet.
“C’est une hypothèse toute simple qui part du principe que si on mime une expression faciale sur notre visage, alors on va avoir tendance à ressentir cette l’émotion”, explique Pierrich Plusquellec, chercheur au Centre d’études en sciences de la communication non verbale (CESCNOV) affilié à l’Université de Montréal, qui n’a pas participé aux travaux. Et l’inverse serait donc également vrai : « Par exemple, si je fais une expression faciale de colère, au bout de quelques secondes, je vais ressentir de la colère. Si je fais une expression faciale de joie, comme cela a été testé dans cet article, je vais alors ressentir plus de joie ».
La rétroaction faciale
Nos émotions se lisent sur nos visages. Alors il n’y a rien de très surprenant au fait que nos expressions faciales puissent, à l’inverse, influencer nos émotions. C’est en ce sens que de nombreuses études ont soulevé la question. Publiée dans la revue Nature Human Behavior, une récente étude a essayé d’en savoir davantage quant au pouvoir d’un sourire. L’étude, appelée « Many Smiles » a été menée par l’universitaire américain Nicholas Coles. Il a ainsi sondé plus de 3 800 participant·es issus de 19 pays afin de les soumettre à une série de tests centrés sur les expressions faciales.
Pour parvenir à un résultat, plusieurs expériences ont été menées à l’aide des participants. L’idée ? Afficher des photos d’acteurs et imiter leurs expressions du visage mais également afficher une expression joyeuse en respectant l’ordre suivant : déplacer les commissures des lèvres vers leurs oreilles. Durant toutes les expériences, les participants ne connaissent pas la finalité de la recherche. Ainsi, pour semer les doutes, certains tests de mathématiques leur ont été demandés. Après les deux exercices, les participants ont été sondés quant aux sentiments qu’ils ont ressentis en faisant ces expériences. On leur a donc demandé d’évaluer le degré de bonheur, mais aussi d’anxiété, de colère et de fatigue. Résultats ? Les participants ont noté « une augmentation perceptible du bonheur ».
Quel lien entre sourire et bonheur ?
Les résultats de l’étude prouvent qu’il existe un lien entre le fait de mimer des expressions heureuses et ressentir un certain bonheur. Mais comment est-ce réellement possible ? Il faudrait regarder du côté du cerveau qui, à ce moment, bénéficie d’un retour sensorimoteur, qui va nous aider à percevoir les différentes émotions. « Ces résultats suggèrent que voir une personne sourire peut non seulement amplifier le sentiment de bonheur en cours, mais également initier des instants de joie dans un contexte autrement neutre », affirment les chercheurs, cités dans Slate. En substance, sourire enverrait le signal à notre boîte crânienne que nous sommes heureux, activant ainsi les processus biologiques associés à l’émotion. Cool, non ?
Mais comme toutes ces recherches, il existe évidemment une limite. Si sourire vous permet de vous sentir un peu mieux lors d’une mauvaise journée ou après une mauvaise nouvelle, cela ne vous permettra pas de soigner des maladies liées à l’angoisse et à la dépression. Mais il est probable, selon les chercheurs, que sur le long terme, « des effets de rétroaction faciale relativement faibles puissent s’accumuler et devenir au fil du temps des changements significatifs dans le bien-être ». Ce qui est une plutôt bonne nouvelle. Les preuves sont donc encore trop faibles pour l’assurer, mais ceci étant, il n’y a rien de mal à essayer et sourire pour rien, n’est-ce pas ?