Les réseaux sociaux font maintenant partie intégrante de la vie des adolescents. Ils se couchent en scrollant des centaines de vidéos sur TikTok et se réveillent en donnant des « j’aime » sur des photos Instagram. On ne compte plus les heures qu’ils passent devant leurs écrans plutôt qu’à profiter de la vue et de la vie. Aujourd’hui, chaque instant de vie est partagé plutôt que vécu pour soi-même. Et si l’avènement des réseaux sociaux peut avoir des côtés positifs, il génère de nombreuses questions notamment lorsqu’il s’agit de l’addiction ressentie du côté des plus jeunes. Et selon une récente étude scientifique, ces derniers pourraient transformer le cerveau des plus jeunes.

Le cerveau réagit aux récompenses sociales

©unsplash

La Génération Z est née dans l’ère du tout-numérique. Ils n’ont rien connu d’autre. Les dimanches à jouer dehors ? Ça leur est complètement inconnu. Et ils ne pourraient certainement plus jamais apprécier une journée sans smartphone. Si c’est la génération qui veut ça, ces habitudes peuvent devenir inquiétantes. En moyenne, selon une étude mondiale, la Génération Z passait 3 heures par jour sur les réseaux sociaux en 2021. La « Gen X » de son côté y passe 1,5 heure en moyenne et les « Miellennials » 2,25 heures. Cette surconsommation des écrans a amené plusieurs personnes à se pencher sur les effets de ces derniers. Et plus particulièrement sur l’impact qu’ils ont sur le cerveau des adolescents. C’est le cas de l’université de Chapel Hill en Caroline du Nord qui ont fait le lien entre le développement du cerveau des jeunes et des médias sociaux.

Pour que l’étude se fasse, il a fallu à l’équipe de chercheurs chapeautée par Eva Tezler, professeure de psychologie et de neurosciences, trois années pour étudier le cerveau de 169 collégiens de 12 à 15 ans. Pendant ces trois années, les 169 collégiens ont été scindés en trois groupes distincts : les utilisateurs « non habituels » qui se rendent sur les réseaux sociaux moins d’une fois par jour, les utilisateurs « modérés » qui se connectent entre une et quatorze fois et enfin les utilisateurs «habituels » qui se rendent sur les réseaux sociaux à raison de quinze fois par jour, au minimum. Tous ces groupes d’individus ont été soumis, chaque année pendant trois ans, à une IRM alors qu’ils faisaient une partie de jeu vidéo afin d’analyser l’activité du cerveau pendant que le jeu leur donnait des récompenses et des punitions.

L’importance de l’image renvoyée

Résultats ? Les adolescents qui passent le plus clair de leur temps sur les réseaux sociaux ont présenté un plus fort intérêt à ses « récompenses sociales » alors que ceux qui étaient le moins accros aux médias sociaux faisaient preuve d’un désintérêt pour ces récompenses ou punitions. « Les résultats suggèrent que les enfants qui grandissent en utilisant plus souvent les réseaux sociaux deviennent hypersensibles aux commentaires de leurs pairs », analyse Eva Telzer dans un communiqué. Un comportement de plus en plus visible et qui pourrait continuer à évoluer dans ce sens. En effet, les vidéos partagées peuvent motiver les adolescents à vouloir ressembler à ce qu’ils voient alors qu’il s’agit bien souvent d’images ultra modifiées. Ainsi, ils connaissent une pression pour faire comme les autres et se sentir acceptés.

Si ces résultats sont tout sauf rassurants, Maria Naza, doctorants en psychologie et auteur de l’étude, a tout de même tenu à les nuancer : « Si cette sensibilité accrue au feedback social peut favoriser l’utilisation compulsive des réseaux sociaux, elle pourrait aussi refléter un comportement adaptatif qui permettra aux adolescents de naviguer dans un monde de plus en plus numérique ». Enfin, rien ne permet d’affirmer que les réseaux sociaux ont un pouvoir de modification du comportement cérébrale. « Nous ne pouvons pas affirmer de manière causale que les médias sociaux modifient le cerveau (…) Les adolescents qui ont l’habitude de consulter les réseaux sociaux présentent des changements assez spectaculaires dans la façon dont leur cerveau réagit, ce qui pourrait potentiellement avoir des conséquences à long terme jusqu’à l’âge adulte », précise Eva Tezler.

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