Les tendances en matière d’esthétique n’ont de cesse d’évoluer. Pour le meilleur comme  pour le pire. Si elle permet de rendre la vie plus légère à de nombreuses personnes, elle  permet également parfois des dérives et des abus. Dernièrement, on entend beaucoup  parler de kératopigmentation qui en d’autres termes désigne le fait de changer la couleur  de ses yeux. Une façon plus pérenne que des lentilles de contact colorées d’y  parvenir. Mais comment ça se passe et est-ce que ça vaut réellement le coup ?

Kératopigmentation : quel procédé ?

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Le dimanche 15 janvier, le numéro de Zone Interdite sur M6 est consacré à la médecine esthétique ou plutôt à ses dérives. C’est ainsi que cette technique encore  méconnue a été mise en lumière. En effet, on y voit une jeune femme passer le cap. Elle  confessait avoir un énorme complexe qui n’était autre que la couleur de ses yeux. Elle a  donc pris son courage à deux mains et réalisé une kératopigmentation, une intervention  encore peu pratiquée et non sans danger. Celle-ci se déroule en deux étapes. La première  consiste à découper la cornée au laser puis d’injecter le pigment dans l’ouverture. Vous  voilà avec une nouvelle couleur d’yeux. Une opération qui coûte une coquette somme de  7 000 euros. Et qui, évidemment, est irréversible.  Une séquence qui a fait réagir nombre d’internautes et de professionnels de la  santé. « Comment vais- je faire pour les opérer de leurs cataractes ensuite ? », se  questionne un ophtalmologue. « Changer la couleur de ses yeux  par kératopigmentation (irréversible). Pas de recul ? risques ? intérêt ? Quelle  dérive.. », commente de son côté le Docteur Gérald Kierzek. « L’ordre des médecins  doit impérativement réagir et recadrer une partie des siens. C’est criminel de laisser ces  professionnels profiter de la stupidité d’une partie de la jeunesse. Cri-mi-nel », commente  un internaute. Et si ces réactions sont nombreuses, c’est parce que cette opération  est tout sauf anodine.

Kératopigmentation : quels dangers ?

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Qu’en disent les experts ? “Médicalement, on peut injecter des pigments. Nous le faisons  déjà de façon thérapeutique, après un accident de voiture, ou un traumatisme causant  des cicatrices disgracieuses. On peut injecter de l’encre de Chine dans la pupille pour la  reconstituer et diminuer le préjudice esthétique qui peut exister dans un tel cas »  explique Antoine Brezin, ophtalmologue, à Doctissimo. Mais si au niveau thérapeutique  l’intervention n’est pas sans risques, le danger est d’autant plus important lorsqu’il s’agit  d’une intervention esthétique. “La cornée, c’est la structure transparente de l’œil, le  hublot. C’est elle qui nous permet de voir à l’intérieur de l’œil. Si vous injectez du  pigment dans une structure qui n’en a pas naturellement, le jour où vous avez besoin qu’on surveille des choses dans votre œil, on ne peut plus, même chose pour opérer une  cataracte « , explique-t’il. “Sans compter les risques d’infections de kératites auxquelles  vous vous exposez.”  

Le chirurgien chargé de l’opération dans le reportage évoque « une ouverture qui va  mettre quelques jours à se refermer, c’est donc une porte ouverte aux germes. » Les  risques : une inflammation ou pire encore, la perte de la vision. Et si la question de la  dangerosité se pose de façon tout à fait légitime, la question de la nécessité intervient  également. Pourquoi, en 2023, ressentons-nous le besoin de s’infliger une opération à  risques, le tout pour changer la couleur de ses yeux ? On peut aussi se poser la question  de pourquoi au XXIème siècle le rêve est toujours d’avoir les yeux bleus ou  verts. Pourquoi le standard absolu de beauté, c’est d’avoir les yeux  clairs. Personnellement, je suis effaré qu’on soit toujours bloqués dans ces critères qui  perdurent”, interpelle le docteur Brezin. Il vaudrait donc mieux réfléchir à deux fois (voire  trois) avant de se céder à cette technique. Qu’on se le dise : il est plus économique et  moins dangereux d’investir dans des lentilles de contact colorées.

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