Les étudiants LGBT peuvent faire face à de la discrimination, des moqueries et des harcèlements de la part de leurs pairs, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur bien-être mental et leur réussite scolaire. En démontre le suicide de Lucas, qui a ému l’opinion publique. 

Le fléau de l’homophobie dans les écoles

Un drame. Le 7 janvier, Lucas, 13 ans, mettait fin à ses jours après avoir subi de l’homophobie et du harcèlement à l’école. Le vendredi 27 janvier, le procureur de la ville d’Épinal a annoncé que quatre élèves d’un collège seront jugés pour harcèlement ayant mené au suicide. La mort de Lucas, qui était ouvertement homosexuel, a bouleversé la communauté et a mis en lumière la persistance de l’homophobie dans les écoles. Car si la France a fait des progrès en matière de droits LGBT ces dernières années, l’homophobie reste un fléau persistant dans la société française. En effet, des études récentes montrent que la violence homophobe est en hausse en France, avec un nombre croissant de signalements d’actes homophobes, y compris les agressions physiques, les menaces et les insultes. De plus, les personnes LGBT continuent de faire face à une discrimination systémique dans de nombreux aspects de la vie, notamment en matière d’emploi, de logement et de santé.

A l’école, notamment, il semblerait que les préjugés aient toujours la vie dure et que les élèves homosexuelles soient toujours et encore pris à partie. Pour le Huffington Post, des élèves ont accepté de témoigner de leur quotidien. C’est le cas de Paul (le prénom a été modifié, ndlr) qui a avoué son homosexualité à ses parents. S’ ils ont très bien accueilli la nouvelle, au collège, les réactions ont été différentes. A 12 ans, le jeune garçon doit faire face à des insultes quotidiennes. « Il nous en a parlé à partir du moment où il sentait que la violence physique pouvait arriver. Et nous, on était sous le choc. On ne comprenait pas pourquoi dans notre entourage ça ne posait aucun problème, mais qu’à l’école c’était invivable », explique le père de Paul au HuffPost. Mais alors, comment fait-on pour pallier cette violence au sein de l’école ?

Quels dispositifs pour lutter contre l’homophobie à l’école ?

©unsplash

Lily est ferme : oui, à l’école, les élèves ont assisté à un cours d’informations sur les discriminations liées à l’orientation sexuelle. « Pendant ce temps d’échange, tout le monde était d’accord pour dire que c’était mal de rejeter quelqu’un parce qu’il aime les personnes du même genre que lui. Ça ne les a pas empêchés de le faire quand même », explique-t-elle dans les colonnes du journal. Mais alors que fait-on, concrètement pour que ce genre de drame ne se reproduise pas ? « Les dispositifs de lutte contre les discriminations mis en place dans les écoles par l’Éducation nationale ne sont pas suffisants », avance Timothée Gaydon, professeur de lettres modernes et fondateur de l’association Queer Éducation.  « Ces dispositifs ne permettent pas de déconstruire les rapports de domination structurels reproduits par l’école ». 

Concrètement, la lutte contre l’homophobie et la transphobie fait partie intégrante des programmes scolaires. Le ministère de l’Éducation nationale rappel en 2019 que « l’homophobie est inscrite dans les programmes d’enseignement moral et civique (…) au même titre que d’autres atteintes au respect dû à autrui : racisme, antisémitisme, sexisme, xénophobie, handicap, harcèlement, etc ». A ce titre, les établissements scolaires font venir des intervenants qui viennent généralement d’associations, ce qui permet une plus forte écoute de la part des élèves. Mais pour Timothée Gaydon, un autre problème persiste : « Les jeunes filles font plus leur coming out que les garçons, mais ce sont eux qui semblent davantage être victimes d’homophobie ». En cause, selon lui ?  « L’école promeut un certain modèle de la masculinité ». Et pour ce professeur, ça ne fait aucun doute, « l’éducation nationale a un vrai rôle à prendre car, pendant longtemps, elle a mis en avant certaines existences qu’elle jugeait plus légitimes que d’autres. Donc aujourd’hui, l’enseignement est encore extrêmement normatif. En quelque sorte, le suicide de Lucas est aussi lié à l’inaction de l’État ».

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