Six mois après avoir son agression aux Etats-Unis, l’écrivain britannique Salman Rushdie sort un nouveau roman, Victory City, le « récit épique d’une femme » au XIVe siècle qui va ériger une ville, subir l’exil et les menaces dans un monde patriarcal. Achevé avant son agression au couteau, ce roman – sans doute l’un des plus attendus de l’année – de l’auteur d’origine indienne, est présenté comme la traduction de l’épopée historique de Pampa Kampana, une jeune orpheline dotée de pouvoirs magiques par une déesse, qui va créer la ville de Bisnaga, littéralement Victory City. Retour sur la carrière d’un écrivain qui a conquis le monde.

Salman Rushdie, victime d’une fatwa

Après la publication de son roman controversé, Les Versets sataniques, l’enfer s’est déchaîné sur lui. Depuis 1988, il vit sous le coup d’une fatwa. Le livre a été interdit en Inde, en Iran et dans plusieurs autres pays. À l’époque, Salman Rushdie se trouve à Paris, où il s’est rendu pour recevoir le prestigieux prix Ulysse. Son nom avait été proposé par les milieux littéraires français, mais le prix a été décerné à Paul Auster, qui était encore citoyen des États-Unis. Lorsque la nouvelle de l’inclusion du nom de Rushdie dans la liste des lauréats est parvenue en Inde, l’auteur a du faire face à un tollé. Le roman de Rushdie, Les Versets sataniques, avait récemment été publié en Inde et avait été censuré. Ce livre était considéré comme blasphématoire par de nombreux musulmans indiens en raison d’un personnage du livre appelé personnage, Mahound – allusion au fondateur de l’islam, Mahomet -, abusé par Satan, prêche la croyance en d’autres divinités qu’Allah, avant de reconnaître son erreur.

Malgré tout le venin craché contre lui par les critiques et les partisans, Rushdie continue de sourire. Sa confiance l’a aidé à faire face à la haine qu’il a reçue pour son choix d’écriture. Et il n’est pas près de s’arrêter non plus. Rushdie est probablement l’écrivain indien qui a le plus de succès de tous les temps. Il a publié 24 romans et de nombreuses nouvelles. Il a remporté de nombreux prix et distinctions pour son œuvre. « Quand j’ai commencé à écrire, tout le monde me disait que mes livres étaient drôles. Avec ce qui s’est passé lors de la publication des « Versets sataniques », il y a eu un changement bizarre. Ce qui est arrivé n’était pas drôle et les gens ont décidé que c’est moi qui n’était pas drôle. Dans mes deux derniers livres, les gens ont redécouvert que mes livres pouvaient être drôles. C’est comme si j’étais sorti d’un tunnel long et sombre, car tous mes livres sont drôles, même « Les Versets sataniques ». En tant que lecteur, je n’aime pas des livres sans sens de l’humour. C’est comme Zola par exemple… » confiait-il au micro de RTL.

« Les mots sont les seuls vainqueurs »

©unsplash

Ses livres ont été traduits dans plus de 35 langues, et ses histoires sont lues par des gens du monde entier. Son œuvre la plus célèbre, Les Versets sataniques, est toujours interdite dans de nombreux pays. Malgré tout Rushdie défend encore la puissance des mots dans Victory City. Le but due livre ? pour mission de « donner aux femmes une place égale dans un monde patriarcal », selon le résumé de son éditeur Penguin Random House, son héroïne et poète Pampa Kampana, qui vivra près de 250 ans, sera aussi le témoin de « l’orgueil de ceux qui sont au pouvoir », et assistera à l’essor puis à la destruction de Bisnaga. Le roman se termine par cette phrase qui résume l’auteur : « les mots sont les seuls vainqueurs ». Dans le New York Times, l’écrivain américain Colum McCann, ami de Rushdie affirme que l’auteur  » dit ‘vous ne pourrez jamais enlever au gens la faculté fondamentale de raconter des histoires’. Confronté au danger, même face à la mort, il réussit à dire que tout ce que nous avons c’est le pouvoir de raconter des histoires ». Et ce ce qu’il a toujours fait. 

Salman Rushdie a remporté deux fois le prix Booker, qui est une récompense prestigieuse dans le domaine de la littérature de langue anglaise. La première fois qu’il a remporté le prix, c’était en 1981 pour son livre Les enfants de minuit. Il a remporté la deuxième fois en 1992 pour son livre Shalimar the Clown. Il a remporté son premier prix après la publication de son livre en Inde, qui était interdit à l’époque. Le deuxième prix lui a été décerné lorsque le livre a été publié dans le monde entier. Lorsqu’il a gagné la première fois, de nombreuses personnes ont prédit qu’il ne gagnerait le prix qu’une seule fois. Ils pensaient que la prochaine fois qu’il gagnerait, le livre serait interdit en Inde et dans de nombreux autres endroits, ce qui s’est produit. Ses livres ont eu beaucoup de succès partout où ils ont été publiés. Outre le double Booker Prize, il a également remporté le Guardian Fiction Award, le Whitbread Book of the Year Award, le W. H. Smith Literary Prize, le Los Angeles Times Book Prize et le Prix littéraire français. La liste est longue.

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