On connaît Booba pour ses punchlines parfaitement aiguisées, pour ses albums iconiques et récemment pour ses frasques sur les réseaux sociaux. En effet, depuis un certain temps, il est devenu maître dans l’art du clash et s’attire les foudres de nombreuses personnes. Dernièrement, mieux vaut ne pas être dans le collimateur du rappeur sous peine de le voir prendre un malin plaisir à pointer du doigt les méfaits de celles et ceux qu’il aura décidé de déranger. Et ce n’est pas Magali Berdah, la très connue chef d’entreprise à la tête de Shauna Events qui dira le contraire. Elle se trouve depuis plusieurs mois maintenant dans une débâcle médiatique qui l’a contraint à se mesurer à Booba. Une histoire qui dure et qui a mis en lumière une problématique liée aux influenceurs, que l’interprète de n°10 se plaît à appeler les « influvoleurs ». Et contre toute attente, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, lui a apporté son soutien.
Des « dérives inacceptables »
Qui aurait pensé que Booba et le ministre de l’Economie trouveraient un jour un terrain d’entente ? Pourtant, c’est bien le cas. En effet, alors que le ministre était invité sur le plateau de Franceinfo ce lundi 13 mars, ce dernier a évoqué le métier d’influenceur et les dérives qu’il comporte. Impossible donc de ne pas lier le sujet au rappeur qui a récemment fait de cette problématique son cheval de bataille préféré. Il a tout bonnement salué le combat de l’artiste : « Booba a raison de rappeler qu’il y a des dérives inacceptables. Nous y mettrons fin », a-t-il lancé. Un problème qui a déjà été évoqué au ministère début 2023 qui avait donné lieu à des concertations sur la régulation du métier. En cause ? Les dérives permises par des activités parfois frauduleuses et notamment par l’une des plus grandes agences d’influenceurs, Shauna Events, dirigée par la papesse des influenceurs, Magali Berdah.
L’artiste de 46 ans avait alors notamment dénoncé à la justice française ce qu’il estimait être des « pratiques commerciales trompeuses » d' »influenceurs » liées à cette agente. « Il prend à cœur de dénoncer ce qui lui apparaît comme une injustice (…) Il se donne les moyens pour que toute la lumière soit faite sur le milieu des influenceurs qui repose sur le faux : fausses vedettes, faux produits mais préjudices réels pour le consommateur », avait alors expliqué son avocat Me Patrick Klugman. Et il semble que l’artiste ne se soit pas trompé. Selon un rapport de la Répression des fraudes, plus de la moitié (60 %) des influenceurs n’ont pas respecté la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs, et plusieurs procédures ont été ouvertes à leur encontre. On parle ici notamment de dropshipping, des promotions pour des jeux d’argent et d’opérations esthétiques réalisées par des personnes non compétentes ou encore des utilisations illégales du CPF.
Bruno Le Maire : le plan influencer
Si Bruno Le Maire soutient le combat du rappeur, il est néanmoins plus nuancé sur son avis quant au métier d’influenceur : « Squeezie est plus populaire que vous (Salhia Brakhlia), que Marc Fauvelle ou que moi-même auprès des jeunes, souligne le ministre en interpellant les journalistes qui l’interrogeait. Ce n’est pas un combat contre les influenceurs, c’est un combat pour les influenceurs ». En somme, tous les influenceurs ne sont pas des « influvoleurs », selon lui et l’idée serait donc de les protéger et non de les accabler. Et pour ce faire, le ministre de l’Economie qui reconnaît que cette activité « représente des emplois », entend proposer un plan d’ici le 20 mars.
Il souhaite ainsi que les influenceurs « soient soumis aux mêmes règles auxquelles vous êtes soumis à la radio, à la télévision, dans les médias traditionnels (…) Lorsque vous avez un placement de produits d’alcool, ou d’autres placements de produits, il faut que les mentions légales apparaissent sur les sites des influenceurs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-il expliqué. « Je rappelle que c’est un dispositif pour protéger les influenceurs, certainement pas pour les stigmatiser », a assuré Bruno Le Maire.