Les étrangers irrespectueux ? Il semblerait à en croire le ras-le-bol des balinais. Conduite sans permis et sans casque, parfois à 3, irrespect des lieux de cultes, mépris des locaux ou encore sexe sur la plage : la façon de vivre des étrangers dérange, à juste titre, et interroge sur la pérennité de l’ouverture de l’île.

La loi ? Les étrangers s’en fichent

En 2022, 2,3 millions de personnes ont visité Bali. Après une année creuse et difficile pour l’île des Dieux, les touristes ont mis le grappin sur un endroit jugé paradisiaque. En 2023, le nombre de touristes pourrait atteindre 4,5 millions. Si c’est une belle nouvelle pour l’économie de l’île indonésienne, elle l’est un peu moins pour les conditions de vie des locaux piétinées par les touristes qui se croient de plus en plus tout permis. «Parfois les étrangers ne comprennent pas tout à fait que Bali est, à l’heure actuelle, toujours un endroit où des gens vivent. Ils voient juste ça comme un Disneyland qui n’existe que pour leur amusement et leur plaisir », explique ainsi Ravinjay Kuckreja, doctorant indonésien en culture balinaise, à Vice.  À Bali, cela ne fait aucun doute, les locaux sont plus que chaleureux et serviables. Une gentillesse qui peut-être leur fait défaut puisqu’il semblerait que les étrangers le traduisent à leur guise : ils peuvent y faire ce qu’ils veulent sans prendre en considération la vie des Balinais qui essayent, tant bien que mal, de vivre convenablement. 

A titre d’exemple, en mars dernier, une poignée de touristes a déposé plainte contre un Balinais car son coq faisait trop de bruit au petit matin. La réaction du gouverneur ne s’est  pas fait attendre. Wayan Koster a en effet déclaré qu’il encourageait la population de l’île à élever davantage de coqs. Mais ce n’est pas tout. Si les touristes occidentaux respectent les lois en vigueur dans leur pays, il semble qu’à Bali, cela leur passe au-dessus : conduit en état d’ivresse, sans permis et sans casque sont des comportements récurrents. Selon Vice, 171 touristes ont été emmenés au poste de police en l’espace d’une semaine et ce uniquement pour des questions de code de la route. «En tant que touristes, agissez en touristes», a ainsi déclaré le gouverneur de Bali, Wayan Koster, lors d’une conférence de presse ce lundi 13 mars. Pour régler le problème, le gouverneur entend bien utiliser la manière forte. Il réfléchit ainsi à interdire complètement la location de scooters aux étrangers.

Les Russes : la bête noire de Bali

©unsplash

Si les touristes de manière générale peuvent poser problème, récemment le gouverneur se concentre tout particulièrement sur les Russes. Alors qu’ils ont fui leur pays, ces derniers veulent refaire leur vie à Bali, en s’imposant à coups de fortune. Près de 23 000 citoyens russes sont arrivés pour le seul mois de janvier. “L’année dernière, plus de 58 000 Russes sont arrivés sur l’île. Rien qu’au mois de janvier 2023 ils étaient plus de 22 500. Côté Ukrainiens, ils étaient 7 000 à arriver sur l’île en 2022, et 2 500 le mois dernier », rapporte le média régional Channel News Asia (CNA). Et les Russes ne se limitent pas à une nouvelle vie à Bali : ils veulent investir, ne négocient pas les prix et ainsi font dégringoler les prix des locations. En l’espace de trois mois, les prix des locations telles que les Guest house, d’ordinaire très modestes, ont doublé, voire triplé. Et si les Russes ont de quoi investir, ils ne le font pas toujours dans la légalité. Nombreux sont les commerces clandestins ouverts par ces derniers, qui souhaitent ainsi prolonger leur séjour, voire se donner la possibilité de s’installer définitivement, sans demander la moindre autorisation.  Au moins quatre citoyens russes ont été expulsés au mois de mars pour violation de visa et les autorités de l’immigration ont à plusieurs reprises mis en garde les étrangers à Bali contre le travail avec des visas de tourisme.

Récemment, le gouverneur a donc annoncé une mesure extrême en demandant au ministère de la justice et des droits de l’homme de renforcer les exigences en matière de visa en annulant le dispositif de visa à l’arrivée destiné spécifiquement aux citoyens russes et ukrainiens en raison d’une série d’infractions. Il est donc bel et bien question de serrer la vis une bonne fois pour toutes et imposer ainsi une ligne de conduite lorsqu’ils mettent le pied à Bali.

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