Toujours plus loin. Les Etats-Unis ne comptent pas s’arrêter dans la chasse à la dignité féminine. Et encore moins la Floride. En effet, depuis l’avènement de l’arrêt Roe Vs Wade le 24 juin 2022, l’État du Sud-est ne cesse de vouloir promulguer des lois de plus en pus répressives quant aux droits des femmes. La dernière en date n’est autre que l’interdiction de parler à l’école de santé sexuelle.

Les règles, un sujet toujours aussi tabou

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Depuis toujours, la question des règles dérange. Sales pour certains, impures pour d’autres, il n’est pas question de faire de ce sujet une normalité et encore moins un sujet de discussion banal. En effet, une étude réalisée par Dans ma culotte et Opinion Way en août 2021 rapportait que 55% des Français estiment que parler des règles en public est « inapproprié » et 33% d’entre eux n’en parlent tout simplement jamais. En 2023, il semblerait que les idées n’aient pas tellement évolué et surtout moins en Floride. Si l’avortement n’y a pas été interdit comme il l’a été dans 14 autres États, mais limité, l’Etat reste conservateur et entend bien limiter la liberté sexuelle de chacun mais surtout de chacune. Après que le gouverneur  Ron DeSantis a interdit de parler d’homosexualité à l’école en mars 2022, le représentant Stan McClain a déposé un projet de loi qui vise à limiter les cours d’éducation sexuelle à l’école. 

En substance, les cours d’éducation sexuelle, si la loi est votée, ne seraient accessibles qu’à partir de la sixième, à l’âge de 12 ans, donc. En clair, avant l’entrée en sixième, aucune discussion autour de la santé sexuelle ne pourra être abordée. Maladies sexuellement transmissibles, douleurs menstruelles seront des sujets passés sous silence. « Est-ce que ce projet de loi interdit les conversations sur les cycles menstruels ? Si des petites filles ont leurs premières règles en CM1 ou CM2, est-ce que cette loi les empêcherait d’en parler ? », a ainsi demandé la démocrate Ashley Gantt à Stan McCain. Ce dernier a fermement répondu « oui », comme le rapporte 20 Minutes. Un projet de loi jugé « absurde » par Annie Filkowski, responsable d’un planning familial en Floride. « Imaginez une petite fille […] allant aux toilettes et trouvant du sang dans sa culotte, et pensant qu’elle va mourir. Et son enseignant n’a même pas la possibilité de lui dire que cela fait partie de la vie », a ainsi déploré Ashley Gantt.

Freiner les excès de « l’activisme progressiste »

Parler librement de sexualité ? Il n’en est pas question en Floride et ailleurs aux Etats-Unis. Pour le gouverneur, cette nouvelle proposition de loi concernant les discussions qui entourent la santé sexuelle des jeunes filles n’est autre que du « bon sens » afin de limiter les excès de « l’activisme progressiste ». Et du progressisme, à savoir la tolérance, ce n’est pas tellement le sport favori des Américains. En juillet dernier, des manuels d’éducation sexuelle étaient interdits dans les écoles publiques et devaient être « validés » par les autorités pour effacer les références à l’homosexualité et aux personnes transgenres. 

Dans le Montana, le 9 septembre, les personnes LGBT étaient encore pointées du doigt pour rendre leur transition plus compliquée. Dans cet État, il est désormais impossible de faire la moindre modification sur le certificat de naissance. L’État de l’ouest américain rejoint ainsi le Tennessee, l’Oklahoma et la Virginie-Occidentale en matière de législations vis-à-vis de la modification des certificats de naissance des personnes transgenres. Et ce même après une intervention chirurgicale. 

Dans la continuité de la censure, le 7 mai dernier, le Washington Post révélait le contenu d’une nouvelle disposition en discussion au sein d’une école du comté d’Orange en Virginie. L’une de ses membres, Chelsea Quinter, a proposé deux dispositions radicales. La première disposition vise à empêcher de soumettre les élèves à des “programmes, du matériel et des discussions concernant l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou tout autre sujet sexuellement explicite sans le consentement explicite de leurs parents”. La seconde porte sur le souhait d’informer les parents “des services de santé et de leur participation aux décisions critiques concernant le bien-être physique, mental et émotionnel des élèves, y compris, mais sans s’y limiter, l’auto-identification”. Non, nous ne sommes pas dans un mauvais épisode d’une série américaine mais bien dans la réalité.

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