La journée de mobilisation du 23 mars contre la réforme de la retraite est à marquer au fer rouge. Celle-ci réunissait 3,5 millions de manifestants selon les syndicats, 1,089 million selon la police. Pour cette 10e journée de mobilisation, il n’est donc pas étonnant de voir ce nombre diminuer. En effet, la CGT annonçait « plus de 2 millions » de manifestants en France, soit 1,5 million de moins qu’il y a cinq jours. Le ministère de l’Intérieur a, quant à lui annoncé 740 000 manifestants. Retour sur cette 10e journée de manifestations.
Une journée de mobilisation sous tension
Si l’ensemble de cette 10ème journée de mobilisation s’est globalement déroulée dans le calme, certaines tensions se sont fait sentir. À Paris, Caen ou encore à Lyon, la situation s’est quelque peu envenimée. Dans la capitale, la police fait état de 55 arrestations et 201 interpellations sur le plan national. 175 policiers et gendarmes auraient été blessés dans toute la France, a indiqué Gérald Darmanin dans un bilan communiqué à 23h30. A Nantes, plusieurs violences et dégradations ont été recensées et 49 interpellations ont été observées. A Rennes, une agence d’assurance a été « saccagée », rapporte Le Monde. A Lyon, 15 personnes ont été interpellées et de nombreux commerces ont été vandalisés.
Du côté de l’Hérault, le préfet Hugues Moutouh, a dénoncé des « actes de vandalisme » à Frontignan. En effet, quatre bus ont été incendiés : « Aucune revendication sur la voie publique ne peut légitimer de tels comportements qui relèvent de la délinquance », a-t-il écrit sur Twitter. Même constat à Charleville-Mézières où de nombreuses violences ont été observées. La préfecture des Ardennes a alors dénoncé des « violences graves » en marge de la manifestations. Il a notamment été déploré des jets de projectiles sur les forces de l’ordre dont des « bouteilles d’acide » et des « tirs tendus de mortiers ». « Neuf incendies ont été déclenchés », précise la préfecture.
« Imaginez l’ampleur de l’impopularité de cette réforme si même ici, on se mobilise ! »
S’il était attendu des plus grandes villes que la majorité se mobilise, certaines n’étaient pas dans la liste. C’est le cas de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine). Une commune rurale de 6 800 habitants qui en a vu un millier se mobiliser. « Imaginez l’ampleur de l’impopularité de cette réforme si même ici, où tout va plutôt pas trop mal, on se mobilise de la sorte ! », déclarent deux enseignants au Monde. Un de leur collègue, professeur de lettres à la retraite, n’en peut plus du comportement d’Emmanuel Macron: « Monsieur Macron ne mesure pas combien les gens sont usés et agacés par la manière dont il nous parle et par ses leçons de démocratie. Ces manifestations dans des petites villes comme la nôtre sont nécessaires. Ici, il n’y a pas de black blocs, ni de violence. Emmanuel Macron ne peut pas utiliser la casse pour occulter notre ras-le-bol » poursuivent les manifestants, qui ne figurent pas dans les décompte des grévistes ce mardi 28 mars.
Nouvelle journée de grève
Après cette nouvelle mobilisation, la révolution de la rue semble continuer. Et si les syndicats ont tenté d’apaiser les tension en cherchant à dialoguer avec Emmanuel Macron, le gouvernement a tout bonnement refusé la « médiation » proposée par Laurent Berger, le patron de la CFDT. «Nous saisissons la proposition de Laurent Berger de se parler, mais directement. Nul besoin de médiation», a répondu le porte-parole de l’exécutif, Olivier Véran. «Le président de la République l’a dit : il est prêt à recevoir l’intersyndicale dès lors, parce que nous respectons nos institutions, que le Conseil constitutionnel se sera prononcé sur la conformité de notre texte de loi», a-t-il ajouté.
Les syndicats espèrent donc continuer les mobilisations pendant les prochaines semaines et la CGT a annoncé l’arrêt de la grève des éboueurs à partir de ce jour, mercredi 29 mars pour « repartir plus fort ». a CGT-FTDNEEA qui rassemble les éboueurs, égoutiers, conducteurs de bennes de Paris a expliqué avoir besoin « de rediscuter avec les agents de la filière déchets et assainissement de la ville de Paris afin de repartir plus fort à la grève (…) car nous n’avons presque plus de grévistes». L’intersyndicale appelle donc à une nouvelle journée de mobilisation qui constituera la 11e, le 6 avril prochain