Le géant de l’agro-alimentaire, Nestlé, a annoncé ce jeudi 30 mars que l’usine Buitoni de Caudry, un an après le scandale des pizzas contaminées, allait définitivement fermer son site. Ce faisant, 140 salariés se retrouvent ainsi sur le carreau et en colère.

Les salariés inquiets pour leur avenir

Il y a un an, les pizzas « Fraich’Up » avaient été contaminées à la bactérie E. coli et suspectées d’avoir provoqué la mort de deux enfants. Aujourd’hui, l’usine Buitoni de Caudry ferme ses portes définitivement en laissant des salariés qui n’y comprennent rien, mais surtout qui disent n’y être « pour rien ». Le jeudi 30 mars, au matin, une soixantaine de salariés s’était retrouvée devant l’usine.  «Nestlé rassasié, salariés accablés », peut-on lire sur une banderole.  « On a toute notre vie et notre famille ici, qu’est-ce qu’on va devenir ? », déclare Sophie*, qui travaillait dans cette usine depuis 30 ans, à 20 Minutes.

«Pour retrouver du travail dans le coin, c’est compliqué », a déploré jeudi Stéphane Derammelaere, délégué Force ouvrière. «Et vous imaginez sur un CV, [Nestlé Buitoni] ? Est-ce que vous pensez que ça fait bien ? La réputation de l’usine ne va pas aider, alors que les salariés n’y sont pour rien» a-t-il continué. Et s’ils sont inquiets pour leur avenir, les salariés de l’usine attendent également d’être blanchis. « Voilà treize mois que Nestlé nous baratine. On veut que le groupe prenne sa responsabilité et dise à la France entière que nous, en tant que salariés, nous ne sommes pas responsables de la contamination à la bactérie », a déclaré Didier*, salarié depuis dix ans, à 20 Minutes.

Pourquoi l’usine ferme-t-elle ses portes ?

Si la bactérie E. Coli, est le point de départ, il y a un an, des ennuis de cette usine, les hypothèses sont nombreuses : « La séparation qui existait entre les deux lignes de production a été supprimée, explique l’un d’eux. De la farine qui n’était pas adaptée a pu se retrouver sur la mauvaise ligne de production. Mais c’est une décision de la direction. Et aujourd’hui, c’est nous qui la payons », explique l’un des ouvriers. Pour le moment, une enquête a été ouverte pour homicides et blessures involontaires.

De son côté, Nestlé invoque la chute des ventes de ses pizzas surgelées plutôt que l’intoxication. Une conséquence directe du scandale et qui impact directement les salariés qui doivent se soumettre aux critiques de ceux qui ne voient pas comment fonctionne l’usine. « On a même dû supporter des reportages mettant en cause l’hygiène de l’usine, alors que l’entreprise aurait pu facilement démentir tout ça », note Alain*, toujours à 20 Minutes. Une situation qui selon certains comme Nathalie, est intrinsèque à l’arrivée de Nestlé. « Depuis l’arrivée de Nestlé, la gestion du personnel a changé ». Celle-ci explique notamment à 20 minutes qu’elle a été remerciée après 35 ans au sein de l’entreprise à l’aide d’un simple SMS : « ‘Au regard des compteurs qu’il vous reste à prendre, vous finissez demain à la fin de votre poste’. Partir comme ça, c’est terrible ! », déplore-t-elle. De son côté,  le groupe a tenu à se montrer rassurant : « Aucun licenciement ne sera notifié avant le 31 décembre 2023 ».  Nestlé « s’engage en parallèle à lancer un processus de recherche de solution de reprise solide et pérenne pour l’usine »ainsi qu’à proposer aux 140 salariés « une opportunité de reclassement interne ». Ce ne serait pas «la fin de l’histoire » pour le site, a réagi le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure auprès de l’AFP.

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