On ne blague pas avec les cheveux. Ou l’absence de cheveux. Et ce n’est pas Olivier Serva, député, qui dira le contraire. En effet, le député du groupe Liot espère déposer cette année une proposition de loi qui vise à pénaliser les discriminations liées à la chevelure dans le monde du travail et le milieu scolaire. Une discrimination dont on entend peu parler mais qui existe.

Un sujet qui concerne de nombreuses personnes

« Ce sujet n’a rien d’excentrique ou de corporatiste : il est universel », défend le député Liot, Olivier Serva, député du groupe Liot. Une problématique déjà abordée par Michelle Obama. « Qu’on nous demande : Est-ce que tu vas au travail avec tes cheveux au naturel ? C’est inévitable, pour les Afro-américains », déplore Michelle Obama dans les colonnes du Guardian. Le député Libertés, indépendants, outre-mer et territoires est on ne peut plus d’accord et désir faire de ce sujet son cheval de bataille pour l’année à venir. « Nous entendons pouvoir permettre à chacun d’être qui il est, comme il l’entend, sans être discriminé, que ce soit au travail ou ailleurs » a-t-il ainsi déclaré au micro de franceinfo ce jeudi 27 avril. Celui-ci parle aussi bien des « femmes d’ascendance africaine » qui « doivent changer leur coupe de cheveux pour postuler à un emploi » que les « femmes blondes » ou les « hommes chauves ». 

Mais alors, d’où part cette idée ? Le député explique que son envie de lutter contre les discriminations capillaire émane d’une affaire qui remonte à novembre 2022. « Après dix ans de procédure, un steward d’Air France qui s’était fait licencier a été réintégré, non pas parce qu’il pouvait porter ses dreadlocks comme il l’entendait, mais parce que les femmes pouvaient avoir les cheveux plus longs que les hommes, sur cette compagnie », déplore le député.  « Ça veut dire que l’article 225.1 du Code pénal, qui a déjà stipulé depuis 2001 les discriminations physiques, comporte un vide juridique concernant notamment la longueur, la couleur, la texture des cheveux. Nous voulons tout simplement combler ce vide juridique », explique-t-il. Un vide qu’il compte bien combler.

©unsplash

Existe-t-il une discrimination à l’embauche à cause de la nature des cheveux ?

En France, aucune étude n’a été possible puisqu’il n’est pas légal de réaliser des études ethniques. En revanche, selon une étude menée par la marque Dove et LinkedIn, deux tiers des femmes d’ascendance africaine doivent changer leur coupe de cheveux pour postuler à un emploi. « Cette même étude dit aussi qu’un tiers des femmes blondes doivent pouvoir changer la texture, la couleur de leurs cheveux pour paraître plus intelligentes aux yeux d’un employeur » explique Olivier Serva à Franceinfo. Si les femmes sont très touchées par ce phénomène, les hommes chauves auraient quant à eux, 30% de chance en moins de progresser au sein de leur entreprise. Pour lui, cette loi ne sera que le début d’une longue course contre les discriminations à l’encontre des différences capillaires.

« Quand quelqu’un est obligé d’aplatir ses cheveux, c’est un peu comme s’il aplatissait sa personnalité », déplore le député. « La loi n’est qu’un outil pour aller vers l’objectif : permettre à chacun et chacune d’accepter l’autre dans ce qu’il est, dans son originalité. Parce que je crois que la France et diverse, elle a besoin aussi d’accepter les uns et les autres tels qu’ils sont. C’est (la loi, NDLR) un premier pas pour sensibiliser chacun et chacune, en disant : acceptons l’originalité puisque ça fait partie de la richesse de la France et des Français ». Du côté de ses collègues à l’Assemblée nationale, tout le monde semble prendre ce sujet au sérieux. « Depuis une dizaine de jours, j’ai soumis ce texte à la signature des députés. 30 d’entre eux, tous bords confondus, l’ont déjà cosigné. Je me suis déjà rapproché du cabinet de la présidence de l’Assemblée, qui se dit intéressé. J’espère tranquillement pouvoir présenter ce texte lors de la semaine du Parlement d’octobre, de façon transpartisane, sans tensions, avec une forme de sérénité » a-t-il expliqué à Franceinfo, espérant un examen de son texte au mis d’octobre.

 

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