Alors qu’une infirmière du CHU de Reims vient de succomber à ses blessures,, ce mardi 23 mai, après avoir été poignardée au moment de prendre son service, un rapport de l’Observatoire de la sécurité des médecins, publié ce même jour, par le conseil national de l’Ordre des médecins, fait état d’une augmentation inouïe des violences envers le corps médical.

Une violence en nette augmentation

Les chiffres inquiètent. Et continuent d’augmenter. Recensés par l’Observatoire de la sécurité des médecins, les incidents et violences ont augmenté de 23% en seulement un an. Des faits qui font, tristement, écho à l’actualité puisque ce mardi 23 mai, une infirmière âgée de 37 ans, qui exerçait au CHU de Reims est décédée des suites d’une agression au couteau. L’homme de 59 ans, suspecté d’être l’agresseur est sous curatelle et souffrirait de « troubles sévères » selon un communiqué du procureur. Il est aujourd’hui en garde à vue. Mais il n’est pas la seule personne à avoir fait preuve d’une violence inouïe envers le corps médical. Les tensions en consultation, qui étaient un phénomène isolé, ne l’est désormais plus. Les injures, les coups ou encore les vols ont été au nombre de 1244 sur l’ensemble de l’année 2023. En 2003, 638 incidents étaient dénombrés.

Les médecins les plus ciblés ? Les généralistes. Ils représenteraient, selon le rapport, 71% des victimes de violences physiques mais également de vol d’ordonnance. Ces derniers sont suivis des psychiatres, cardiologues et gynécologues. Comme le relève Franceinfo, 33 % des incidents sont liés à un reproche sur la prise en charge ou encore sur le refus d’arrêt de travail et de prescription d’un médicament. Ces incidents auraient à 56%, lieu en centre-ville. Le milieu rural et la banlieue étant un peu plus épargnés avec 21% et 19% des cas. Ce mardi, Olivier Véran, estimait « qu’attaquer un médecin ou une infirmière, c’est attaquer quelqu’un qui porte la blouse, c’est presque quelqu’un qui porte une forme d’uniforme (…) Il n’y a plus de limite, il n’y a plus de frontière à cette exposition à la violence », a-t-il ainsi déploré.

Pratiquer dans la peur

« Les ministres successifs travaillent sur cette question. Cela doit aussi nous interroger, est-ce qu’il y a une forme de continuum entre la violence sur les réseaux sociaux et celle qui touche aujourd’hui les pompiers, les policiers, les médecins et les élus ? », a demandé le porte-parole du gouvernement. Toujours est-il, que cette violence, bien réelle, fait peser un peu plus de pression sur les épaules du personnel soignant. « Nous sommes en danger quotidiennement », affirmait ainsi Julien, infirmier en psychiatrie, interrogé par BFMTV. « La semaine dernière, on a un patient qui s’est présenté aux urgences psychiatriques de notre hôpital et qui a agressé plusieurs de nos collègues au cutter », témoigne-t-il.

Nicolas, généraliste pour SOS médecin à Mulhouse, raconte sur les ondes de France Inter avoir été agressé lors d’une visite à domicile. Ce dernier a été menacé avec un fusil par le compagnon de la patiente qu’il venait ausculter. Il « était très agressif depuis le début de la consultation, confie-t-il. Il a commencé à m’insulter très rapidement et deux minutes plus tard, il est revenu avec un fusil à pompe ». Le médecin a donc, à ce moment-là, tenté de s’enfuir avant de se faire tirer dans la jambe. « C’était un fusil factice soft, mais c’était réellement impossible à distinguer », raconte-t-il.

L’Observatoire a rappelé que la sécurité des médecins est l’affaire de tous : « Pleinement conscient de ces problèmes croissants d’insécurité, le conseil national demande à ce que nous agissions tous, collectivement, pour prévenir ces violences auprès des médecins et de l’ensemble des soignants ».

 

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