À l’heure où le gouvernement tente de réguler Internet avec son projet de loi « sécuriser et réguler l’espace numérique », présenté le 10 mai en Conseil des ministres, les sites phonographiques n’ont jamais été aussi visités par des mineurs qu’à ce jour. Une étude édifiante qui semble en lien étroit avec l’utilisation des smartphones.

La pornographie chez les mineurs est de plus en plus fréquente

Ce jeudi 25 mai, l’Arcom publiait les résultats de son étude, menée par Médiamétrie. Et les chiffres sont sans appel. Si vous avez un adolescent à la maison, il y a fort à parier qu’il ait déjà consommé des images pornographiques. En effet, les moins de 18 ans seraient de plus en plus nombreux à se rendre sur des sites pornographiques, les sites étant de plus en plus facile d’accès, surtout depuis un smartphone. Il n’y a qu’à essayer : pour se rendre sur l’un des plus gros site pornographiques, il n’y a qu’à certifier que vous avez bien 18 ans. Vous avez ainsi directement accès à une tonne de contenus.

Concrètement, selon les résultats, 2,3 millions de mineurs seraient exposés chaque mois aux images pornographiques pendant 50 minutes en moyenne. C’est beaucoup. Le chiffre est tellement important qu’il représente finalement la même consommation que celle des adultes qui sont 37% à se dire consommateurs. Sans surprise, les visites de sites pornographiques chez les mineurs sont majoritairement masculines : « tout âge confondu, chaque mois en moyenne, les hommes sont 2,5 fois plus nombreux et passent sur les sites adultes trois fois plus de temps que les femmes », précise le rapport. De plus, les chiffres ne font qu’augmenter à mesure que les garçons vieillissent. À partir de l’âge de 12 à 13 ans, environ 51 % des garçons passeraient déjà en moyenne une heure par mois sur ces sites. Ce pourcentage augmente à 59 % chez les 14-15 ans, puis atteint 65 % chez les 16-17 ans, pour ensuite redescendre à 55 % chez les jeunes adultes.

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Pourquoi les mineurs consomment davantage de pornographie ?

« On est vraiment sur une consultation de masse des sites pornographiques par les mineurs (…), qui se fait essentiellement sur les smartphones, c’est-à-dire hors du regard parental », explique Laurence Pécaut-Rivolier, présidente du groupe de travail de l’Arcom sur la protection des publics, à l’AFP. Depuis 2007, on dénombre une hausse de 600 000 mineurs qui regardent fréquemment du porno. « Ces mineurs sont encore plus jeunes que ce qu’on pensait. On a 51 % des garçons de 12-13 ans qui regardent des sites pornographiques chaque mois, et quand même 21 % des garçons de 10-11 ans », alerte-t-elle. En cause ? On peut facilement blâmer l’utilisation plus répandue des smartphones chez les moins de 18 ans. Ces derniers permettent de naviguer sur Internet sans aucun contrôle parental et donc d’aller assouvir sa curiosité. «On est vraiment sur une consultation de masse des sites pornographiques par les mineurs, (…) qui se fait essentiellement sur les smartphones, c’est-à-dire hors du regard parental», affirme l’Arcom.

Pour l’heure, l’Arcom a passé en revue 179 sites et mis en demeure 15 d’entre eux. La plateforme Pornhub est ainsi dans le viseur puisque son audience est constituée à 17% par des mineurs. . «Probablement y a-t-il un certain nombre d’éléments incitatifs (sur ce site, NDLR), comme la place sur les moteurs de recherche», analyse Laurence Pécaut-Rivolier. La justice a été saisie pour demander le blocage de sept plateformes pornographiques, dont Pornhub. Une décision du tribunal judiciaire de Paris est attendue le 7 juillet.

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