Qualifier le parti de Marine Le Pen d’un « héritier de Pétain » est une mauvaise idée ? Il paraît selon le chef de l’Etat qui n’a pas hésité à recadrer la Première ministre lors d’un Conseil des ministres, ce mardi 30 mai.

Mauvaise stratégie

Lors d’une interview accordée à Radio J, ce dimanche 28 mai, Elisabeth Borne avait qualifié le pari de Marine Le Pen d’ « héritier de Pétain », qui était, pour rappel, le maréchal collaborateur pendant l’invasion de la France par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. « Je n’ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer ce qu’ont pu être les positions historiques de son parti et je pense qu’un changement de nom ne change pas les idées, les racines », avait-elle alors martelé pour appuyer son propos avant d’avouer un parti avec une « idéologie dangereuse ». Des déclarations qui n’ont pas été au gout du président de la République, qui n’a pas hésité à le faire savoir lors du Conseil des ministres.

« Il faut combattre l’extrême droite mais on ne la combat pas avec les mots des années 90 et des arguments moraux, ça ne marche plus », a assuré le chef de l’Etat, ce mardi 30 mai.  Si l’on souhaite aujourd’hui combattre les idéologies du Rassemblement national, ce sera « sur le terrain de l’efficacité », selon Emmanuel Macron. « Les millions de Français qui votent pour le RN ne sont pas tous des fachos. On n’arrivera pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle que ce sont des fascistes », a-t-il alors ajouté avant d’affirmer que ces « mots des années 1990 (…) ne fonctionnent plus ». Une déclaration qui serait intervenue au moment d’aborder l’actualité internationale avec les élections législatives en Espagne et les potentielles alliances entre la droite et l’extrême droite espagnoles. « Il faut décrédibiliser » le RN « par le fond et les incohérences » a-t-il ainsi expliqué.

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« Les veilles postures à la papa pour diaboliser le RN »

Si le président de la République a ouvertement montré son désaccord avec la Première ministre, certains membres du gouvernement ont également été interpellés par la sortie de le chef du gouvernement. « Honnêtement, je n’ai pas compris pourquoi elle a fait cette sortie. Pétain, c’était le siècle dernier. Malheureusement la mémoire s’efface et ce genre de référence, ça ne fait plus peur à personne », déplore un ministre. « Les veilles postures à la papa pour diaboliser le RN, comme on le faisait il y a trente ans, ça ne fonctionne plus. C’est être naïf que de croire qu’il suffit de citer Pétain pour faire fuir des électeurs. Ça n’a même jamais marché. Borne a fait de la politique à l’ancienne », explique un autre.

De son côté, la chef du RN aviat, dimanche, qualifié d’« infâmes et d’indignes » les propos d’Elisabeth Borne, jugeant qu’ils ne sont « pas acceptables à l’égard du premier parti d’opposition, de ses 88 députés, de ses milliers d’élus et des millions de Français qu’il représente ». Ambiance.

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