Ils étaient en route pour l’Italie. Au large de la Grèce, sur la jetée du port de Kalamata, un bateau de migrants a coulé alors qu’il transportait environ 750 personnes. « Le navire faisait 25 à 30 mètres de long. Le pont était bondé, et nous pensons que l’intérieur l’était aussi », a déclaré à la chaîne de télévision ERT le porte-parole des gardes-côtes, Nikolaos Alexiou. Un drame qui aurait pu être évité.

Un bilan qui pourrait s’alourdir

L’embarcation avait été repérée dès le mardi après-midi par un avion Fortex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Selon les autorités portuaires grecques, les migrants à bord, qui avaient embarqué depuis la Libye pour se diriger vers l’Italie, auraient « refusé toute aide ». De son côté, Jérome Tubiana, responsable plaidoyer migrations à Médecins sans frontières, a déploré sur Franceinfo le fait qu’« un bateau surchargé est un bateau en détresse, donc il n’y a pas de question de son état ou de sa capacité à continuer sa route » et d’ajouter qu’il juge « choquant d’entendre que Frontex a survolé le bateau et qu’il n’y a pas eu d’intervention parce que le bateau a refusé toute aide ». Selon lui, Frontex « s’est déjà fait épingler notamment dans cette zone-là en Grèce pour avoir organisé avec la Grèce des refoulements tout à fait illégaux de demandeurs d’asile vers la Turquie ».

Pour l’heure et d’après un premier bilan, 79 personnes ont trouvé la mort à bord de l’embarcation. Mais les autorités craignent de voir le bilan exploser puisque le bateau aurait transporté jusqu’à 750 passagers. Les gardes-côtes ont également précisé qu’au moment du drame, aucun passager n’était équipé d’un gilet de sauvetage. « Mais ce chiffre va de toute évidence s’alourdir au fil des heures et on pourrait avoir des centaines de morts », a déclaré Dimitris Haliotis, un secouriste de la Croix-Rouge, dans les colonnes du Monde.  « Ils sont psychologiquement et physiquement très affaiblis. Ils voyageaient depuis six jours dans un bateau où ils étaient les uns sur les autres… Ils n’avaient même pas d’endroit pour faire leurs besoins, ils étaient déshydratés et n’avaient pas bien mangé depuis des jours », souligne Orestis Koulopoulos, un urgentiste.

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Trois jours de deuil national

« Il pourrait s’agir de la pire tragédie maritime de ces dernières années en Grèce », a affirmé Stella Nanou, du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), sur la chaîne de télévision publique ERT. Ce jeudi, les recherches continuent, pour trouver d’éventuels survivants. Pour ce faire, deux patrouilleurs, un hélicoptère et six autres navires de la région continuaient à inspecter les eaux à l’ouest des côtes du Péloponnèse, a indiqué à l’AFP une porte-parole des autorités portuaires. Pour l’heure, 104 personnes ont pu être secourues. Ces survivants sont en majorité des femmes et les autorités redoutent donc de trouver les cadavres de femmes et d’enfants. Selon ERT, un survivant a également assuré à des médecins de l’hôpital de Kalamata qu’il avait vu une centaine d’enfants dans la cale du bateau.

De son côté, la Grèce a décrété un deuil national de trois jours. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié le naufrage d’« horrible », avant d’ajouter que « toute personne en quête d’une vie meilleure mérite la sécurité et la dignité ». En France, le Quai d’Orsay a ajouté que cette tragédie « rappelle l’importance de la coopération entre Européens et avec les pays tiers, en matière de sauvetage en mer et de lutte contre les réseaux de passeurs ».

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