C’est la première fois que des membres de la mouvance néonazie doivent répondre de leurs actes devant un tribunal. Alors qu’ils aspiraient à s’attaquer aux dîners du CRIF, à l’homme politique Jean-Luc Mélenchon et au rappeur Médine, quatre jeunes identitaires ont vu leur procès s’ouvrir ce lundi 19 juin.

« Jihad blanc »

Le chef du groupe, Alexandre G, est gendarme, âgé de 17 ans aux moments des faits. Ce dernier avait rédigé un manifeste intitulé « Tactiques et opérations de guérilla ». Il le décrit aux enquêteurs comme un « manifeste terroriste comme Daech ou Al-Qaida ». Ce dernier y précise les méthodes d’exécutions pour ses attaques, à savoir attaques en voiture, fusillades, explosions mais également attentat suicide pour faire « un bien plus grand carnage ». Selon l’auteur, « une attaque réussie, c’est 50 morts ». Après avoir intégré  groupe de discussion WaffenKraft sur un réseau social très sécurisé, créé par Julien, en juillet 2018, il parvient à rassembler quatre autres jeunes, âgés de 14 à 23 ans (aujourd’hui âgés de 22 à 28 ans) lors d’un week-end d’entraînement pendant lequel les jeunes néonazis vont s’entraîner « au tir sur fond de musique métal entre deux saluts nazis, cagoulés et armés devant l’objectif », relate Politis. Une affiche appelant au « white Jihad » (Jihad blanc) est retrouvée dans le téléphone d’Alexandre G.

Ainsi, celui qui, dans son manifeste, se revendique d’un « nationalisme encore plus violent que celui de Hitler », prévoyait « une opération spéciale de représailles pour venger les victimes des attentats islamiques », le 13 novembre 2018. « Le vendredi 13 novembre, une opération spéciale de représailles va être appliquée pour venger les victimes des attentats islamiques [sic]. Le Templier utilisera fusils d’assaut, explosifs et n’aura absolument aucune pitié contre ces chiens qui détruisent l’Europe », écrit-il, alors qu’il explique viser les communautés juive et musulmane ainsi que les « traîtres marxistes communistes ». Le projet d’attentat sera finalement avorté grâce à un achat de produits chimiques qui sert à fabriquer des engins explosifs. C’est l’entreprise qui a alerté les autorités le 28 août 2018. « Il se voyait comme en concurrence avec les jihadistes et voulait faire mieux qu’eux. Pour lui, le Bataclan n’avait pas un ratio terroristes-morts assez important. Il voulait faire pire », témoigne ainsi Évandre A, l’un des suspects.

©unsplash

Jean-Luc Mélenchon se constitue partie civile

Les cibles évoquées par les jeunes d’extrême droite sont des mosquées, le siège de la Licra à Tours, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le concert du rappeur Médine, qui se tenait au Bataclan ou encore des meetings de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier s’est d’ailleurs constitué partie civile et a déclaré sur Twitter être soulagé d’avoir été admis en ces termes au sein de ce procès.  « C’est le deuxième contre de l’extrême droite qui prévoit de me tuer. J’attends la réaction de Le Pen et Bardella » a-t-il ajouté avant de s’exprimer sur l’absence d’information lorsqu’il a été pris pour cible. « Je me constitue partie civile pour connaître le projet d’assassinat de l’extrême droite contre moi », a déclaré l’homme politique sur Twitter. « Pourquoi m’avoir laissé une fois de plus sans alerte ? Jusqu’à quel point un projet d’assassinat ne concerne pas sa cible ? Ça suffit ! ». Même son de cloche pour le rappeur qui s’est exprimé sur Twitter après été informé par le biais des articles de presse qu’il aurait été une cible. « J’aurais bien voulu recevoir un coup de téléphone à l’époque quand même histoire de mettre un gilet pare-balles ».

Le procès ouvert ce 19 juin aux assises se déroulera jusqu’au 30 juin. Censé se tenir à huis clos, le procès sera finalement rendu public sur la demande de l’avocat général. « Il s’agit d’une menace nouvelle, inquiétante, grandissante qui est celle des tueries de masse, inspirée des pays anglo-saxons, qui tendent à être importées sur notre territoire » et l’opinion publique « mérite d’être informée de la réalité de cette menace, de ses modalités d’action, de ses projets », a-t-il argumenté. Le plus jeune de tous, âgé alors de 14 ans au moment des faits, a quant à lui déjà été jugé et condamné par le tribunal pur enfants de Paris, à deux ans d’emprisonnement avec sursis.

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