Poursuivis pour des projets terroristes, les quatre membres de l’ultradroite ont été jugés devant une cour d’assises. Si les quatre hommes ont été déclaré coupables ce vendredi 30 juin 2023, Alexandre Gilet, 27 ans, a écopé de la peine la plus lourde pour avoir joué le rôle principal dans ce groupe terroriste.

18 ans de réclusion criminelle

Ils avaient, tous les quatre, « une adhésion sans aucune réserve au néonazisme » et formaient « une véritable organisation » a indiqué le président de la cour. Et s’il parle d’une organisation c’est parce que chacun avait un rôle à jouer auquel il devait se tenir. Alexandre Gilet, gendarme au moment des faits, qualifié comme le cerveau des projets, devait fournir les armes et les explosifs, Evandre Aubert était « l’idéologue », Julien (prénom modifié) était celui qui devait se charger du recrutement de nouveaux adhérents et enfin Gauthier Faucon qui devait se charger  « des assassinats probablement de masse » a précisé le président.

« Je demande à la cour de faire le distinguo entre la personne que j’étais en 2018 et aujourd’hui », avait souhaité plus tôt, depuis le box, Alexandre Gilet. C’est pourtant lui qui a écopé de la plus lourde peine avec 18 ans de prison,  au regard de sa lourde implication et de son « ascendant incontestable » sur les autres membres du groupe. Mais il se voit également imposer un suivi sociojudiciaire de cinq ans comprenant l’interdiction de détenir une arme, une injonction de soins et l’interdiction d’exercer toute fonction publique pendant dix ans. Les trois autres accusés ont été condamnés à des peines bien moins sévères, dont une partie pourra être « aménagée » par un juge d’application des peines. Julien et Evandre Aubert ont tous les deux été condamnés à cinq ans d’emprisonnement dont deux fermes. Gauthier Faucon, a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, la cour estimant que son implication était « moindre ».

L’ultradroite dans le viseur de plusieurs procédures terroristes

« Ces quatre accusés ont pris part à un groupe dont l’objectif était de s’endoctriner, ils ont adhéré sans réserve au fascisme et au suprémacisme », a expliqué le président, évoquant une « véritable organisation avec répartition des rôles, dont la nature terroriste est caractérisée par le contenu de leurs échanges, l’acquisition et l’utilisation d’armes, la recherche de cibles et la volonté souvent exprimée de commettre des attentats » a précisé Christophe Petiteau, le président de la cour.

S’il s’agit du premier dossier de cette nature jugé par une cour d’assises et non en correctionnelle, la menace terroriste provenant de l’ultradroite est de plus en plus présente. Depuis 2011, les arrestations liées à des activités terroristes perpétrées par des individus affiliés à l’ultradroite ne cessent d’augmenter. Selon le dernier rapport publié par Europol sur l’évolution de la menace terroriste au sein de l’Union européenne, le nombre d’arrestations est passé de 5 en 2011 à 34 en 2014, puis à 44 en 2018 et enfin à 64 en 2021. Parmi les pays membres, la France a enregistré l’une des augmentations les plus significatives, avec 29 arrestations en 2021, comparé à 5 en 2020 et 7 en 2019. Ces arrestations concernent principalement des individus appartenant au mouvement « accélérationniste ». Les suspects sont majoritairement des hommes, de nationalité des pays où ils ont été arrêtés, et âgés de 23 à 62 ans.

Actuellement, et selon le dernier rapport d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France, on estime qu’il y a environ 3 000 personnes qui sont considérées comme des membres de l’ultradroite, soit une augmentation par rapport aux 2 500 recensées en 1987. Parmi les régions les plus touchées, Lyon se trouve en tête des villes concernées par cette problématique, étant le lieu de domiciliation des associations mentionnées précédemment. Cependant, Marseille, Nice et la région nantaise sont également ciblées par ce phénomène.

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