Depuis que Gabriel Attal a annoncé que l’abaya serait interdite à l’école, le dimanche 27 août, les discussions fusent. Et ce qui revient le plus souvent est la question de l’uniforme. Si l’on interdit l’abaya, pourquoi ne pas plutôt imposer une tenue unique aux élèves ? Une solution qui, selon Gabriel Attal, « mérite d’être testée ». Et il semblerait que le chef de l’Etat ait partagé sa position.

Une tenue unique pour faire respecter la laïcité

©unsplash

C’est l’interview de la rentrée. C’est Hugo Decrypte, le Youtubeur et journaliste qui vulgarise l’information pour qu’elle soit à la portée de tous, et notamment des jeunes, qui a posé ses questions au président de la République. Des questions insufflées par la jeunesse. Et évidemment, sans surprise, la question de l’école et du port de l’uniforme n’est pas passée inaperçue. Ce lundi 4 septembre, au premier jour de la rentrée scolaire, Emmanuel Macron s’est dit favorable à des « expérimentations » et à une « évaluation » du port de l’uniforme à l’école. Si à l’origine il était « plutôt pour que chaque établissement gère la chose », la question prend désormais des « proportions folles » selon lui. Mais question de paraître trop stricte. Emmanuel Macron ne se heurte pas à parler d’uniforme mais plutôt de « tenue unique » qui selon lui est « plus acceptable » tout en précisant que « sans avoir un uniforme, on peut peut dire ‘vous vous mettez en jeans, tee-shirt et veste ».

Mais alors, pourquoi une tenue unique ? Selon le chef de l’État, cette tenue sobre et portée par l’ensemble des élèves, pourrait régler « beaucoup de sujets : 1/ la laïcité et 2/ un peu l’idée qu’on se fait de la décence, c’est-à-dire on ne veut pas des tenues trop excentriques ». Emmanuel Macron emboîte ains le pas au ministre de l’Education, Gabriel Attal qui souhaite mettre en place une expérimentation du port de l’uniforme pour « faire avancer le débat ». Le ministre a ainsi indiqué sur RTL qu’il annoncera « les modalités » de son initiative à l’automne. Une initiative qui a largement été saluée par plusieurs personnalités de la droite et de l’extrême-droite, comme Eric Ciotti (président de LR), Louis Aliot (maire RN de Perpignan) ou encore Martine Vassal (présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône).

Samuel Paty et Abaya : la comparaison interroge

Au cours de cette interview, Emmanuel Macron s’est épanché sur le sujet de la laïcité. Pour illustrer son propos, le chef de l’Etat a évoqué l’assassinat de Samuel Paty. « Nous vivons aussi dans notre société avec une minorité , des gens qui, détournent une religion, viennent défier la République et la laïcité (…) ça a parfois donné le pire. On ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu d’attentat terroriste et Samuel Paty ». Une comparaison qui n’a pas été au goût de tous. De nombreux élus de la Nupes y ont vu un amalgame et n’ont pas manqué de le dénoncer : « Pour Emmanuel Macron, les jeunes filles portant l’abaya sont suspectées de vouloir décapiter leurs profs, c’est ça ? Que cherche-t-il ? Provoquer les pires conflits ? », a martelé Jérôme Legavre, député insoumis. De son côté, Emmanuel Macron s’est défendu d’un quelconque amalgame : « Je ne fais aucun parallèle (…) Je vous dis juste que la question de la laïcité dans notre école est une question profonde ». Des propos « au minimum maladroits », selon Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique à BFM TV. « Ce que sous entend le propos du président, c’est qu’il pourrait y avoir un continuum entre le port de l’abaya et le fait d’assassiner un enseignant, ce qui est proprement délirant pour ces jeunes filles qui portent l’abaya et pas très respectueux non-plus de la mémoire de l’enseignement », a-t-il analysé sur BFMTV. Le journaliste concède à Emmanuel Macron une certaine intransigeance face aux atteintes à la laïcité, mais « intraitable, ce n’est pas se montrer insultant », a-t-il nuancé.

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner
Exit mobile version