Samedi, Israël était frappé de plein fouet. Deux jours après les attentats du Hamas, qui ont fait au moins 700 morts et causé plusieurs dizaines d’otages, la communauté juive française est toujours sous le choc. Si certains se sentent surtout impuissants, d’autres qui ont de la famille en Israël, vivent le calvaire insoutenable d’une attente de nouvelles. Et ils sont plusieurs dans ce cas. « Tout le monde est sous le choc. C’est très grave, ce qu’il se passe en Israël. C’est vraiment du terrorisme à l’état pur », juge un homme, interrogé par Franceinfo.
La boule au ventre des familles françaises
Pour ceux qui ont de la famille en Israël, les nuits se font courtes et la peur serre les ventres. Certains reçoivent des messages vocaux en direct de l’horreur, qui n’ont rien de rassurants : « Moi je n’habite pas loin de la plage et je sais qu’ils ont essayé d’entrer par les plages aujourd’hui. Donc on a peur », explique une voix féminine, à Gary, qui a dévoilé ces messages à BFMTV. « J’ai un ami qui est mort, moi, je vais bien, mes parents vont bien », peut-on entendre dans un second message audio.
« Tout le monde essaie de prendre des nouvelles de chacun. On a une petite boule à l’estomac, on attend qu’ils nous rappellent avec impatience. C’est ce qui se passe actuellement d’ailleurs, les personnes que j’appelle ne répondent pas toutes », explique de son côté Marc, un membre de la communauté juive, toujours à BMFTV.
Peur d’un dérapage en France
« Risque-t-il d’y avoir des conséquences en France, je ne sais pas, j’espère que non », s’interroge Patrick B, sur France 3. Dès samedi, le ministre de l’Intérieur a ordonné aux préfets et aux patrons des forces de l’ordre de « renforcer immédiatement la vigilance, la sécurité et la protection des sites de la communauté juive en France ». Il a ainsi exigé que les policiers et gendarmes prennent des «contacts formels avec les responsables des lieux de cultes, des établissements scolaires ou des représentants associatifs». Pour Serge B, interrogé par France 3, en contact quotidien avec son frère, installé à Hadera, à une centaine de kilomètres de Gaza, un dérapage en France lui semble peu probable : « Chez nous, je suis outré par les positions de LFI, mais je ne pense pas pour autant qu’il y ait des attaques contre les synagogues et les magasins. Cette haine viscérale du Hamas ne peut pas se concrétiser dans notre pays » a-t-il assuré.
De son côté, Gérald Darmanin a affirmé qu’ « il n’y a pas aujourd’hui de menace caractérisée qui toucherait nos compatriotes juifs sur le territoire national ». Pas si sûr pour Henri R, 67 ans : « Hier, j’ai vu trois voitures avec des drapeaux palestiniens passer devant moi. Moi, si je décide de faire la même chose en mettant une affiche qui dit que je suis pro-israelien, je me suis demandé combien de temps je tiendrais avant d’être agressé » a-t-il assuré à France 3. Même son de cloche pour Richard G, peu rassuré face aux réactions politiques en France, notamment celles de LFI. « Quand on entend les réactions de LFI, qui estime qu’Israël l’a bien cherché, ils soufflent sur les braises avec ce que ça peut entraîner sur le sol français » a-t-il fustigé, toujours à France 3.
La position de la France insoumise fait polémique
Louis Broyard, député LFI, a accusé le gouvernement français d’avoir fermé les yeux sur « la colonisation et les exactions en Palestine ». Des accusations qui emboitent le pas au communiqué de LFI, qui a fait bondir ses opposants : « L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est ». Des paroles qui ne passent pas. « Ça me fout les boules, je n’ai pas d’autres mots, de constater que parfois [l’humanité commune] s’évacue et disparaît, singulièrement dès qu’il est question d’Israël », a expliqué Jérôme Guedj, député du Parti socialiste, ce dimanche sur Radio J.
La sénatrice PS Laurence Rossignol a alors directement répondu à Louis Boyard en lui lançant : « Les juifs sont toujours responsables de ce qui leur arrive. C’est une constante du discours antisémite ». De son côté, le député François Ruffin, l’un des candidats potentiels à la présidentielle de 2027, s’est désolidarisé de ses camarades de parti en exprimant « une condamnation totale de l’attaque du Hamas », tout en exprimant ses craintes de savoir que la situation est « dans les mains du gouvernement israélien le plus brutal depuis 30 ans ».