Le Sénat a adopté ce lundi 30 octobre une proposition de loi de la droite visant à «protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive».

Le masculine « fait le neutre » dans la langue. Voilà comment Emmanuel Macron à justifier son choix de ne pas vouloir céder à l’écriture inclusive. Ce lundi 30 octobre, alors qu’il inaugure la Cité internationale de la langue à Villers-Cotterêts, il a affirmé que la langue française « forge la nation ». Pour lui, ajouter des points au milieu des mots » ne serait qu’une façon de céder aux « airs du temps ». Le président de la République considère que la langue française est parfaitement lisible, bien qu’il faille « permettre à cette langue de vivre (…) mais en garder aussi les fondements, les socles de sa grammaire, la force de sa syntaxe, et ne pas céder aux airs du temps ». 

Dans la foulée, le Sénat examinait ce lundi soir une proposition de loi visant à « protéger » le français « des dérives de l’écriture dite inclusive ». Après de vifs échanges, qui opposent la gauche et la droite, le texte a été voté à 221 voix contre 82. Selon le texte du Sénat, l’écriture inclusive désigne les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine ».

Quels supports sont concernés ?

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Depuis 2017, l’interdiction de l’écriture inclusive est déjà en place. Une décision qui avait été prise par l’ancien premier ministre Edouard Philippe. Les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive » étaient alors visés. Mais pour Pascale Gruny, la sénatrice Les Républicains de l’Aisne, la mesure doit aller encore plus loin. Le texte prévoit ainsi que cette pratique soit bannie « dans tous les cas où le législateur (et éventuellement le pouvoir réglementaire) exige un document en français ». En somme, il s’agirait des modes d’emploi, des règlements intérieurs d’entreprise, des autres juridiques ou encore des contrats de travail.  Sans grande surprise, l’interdiction s’étendait aux « mots grammaticaux » qui constituent des néologismes comme « iel », qui selon Cédric Vial, serait une pratique « justement contraire à l’inclusion » puisque, toujours selon lui, « les plus impactés par son utilisation sont en effet les personnes en situation de handicap et d’illettrisme, ou atteintes de dyslexie »

« Un texte rétrograde »

Au Sénat, l’adoption de ce texte fait débat et renforce le clivage gauche-droite. « La droite sénatoriale nous inflige ses lubies rétrogrades et réactionnaires. (…) Vouloir figer la langue française, c’est la faire mourir », a ainsi lancé le sénateur socialiste Yan Chantrel. « Quand on parle de l’écriture inclusive, on parle du chemin vers l’égalité femmes-hommes », a nuancé l’écologiste Mathilde Ollivier. De son côté, la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak a rendu « un avis de sagesse » sur le texte et a jugé quelques mesures « excessives », notamment sur l’extension aux contrats privés. Elle a estimé que le « rôle » de l’Etat et du législateur n’était « pas d’être une police de la langue, mais de garantir l’égalité devant la langue ». Marine Le Pen, chef du Rassemblement national a pointé du doigt l’écriture inclusive comme étant la manifestation « sinistre et grotesque » du « wokisme ». « La langue française est une créolisation réussie » et elle « appartient à ceux qui la parlent » a rétorqué Jean-Luc Mélenchon.

Pour l’heure, rien n’assure que ce texte sera ensuite inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, préalable à son adoption définitive.

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