L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, avait déjà conclu, en juillet 2022, que les nitrites de sodium, utilisés comme conservateurs en charcuterie, augmenteraient les risques de cancer colorectal. 60 Millions de consommateurs dénonce les prix des jambons dans lesquels on ne retrouve pas de nitrites de sodium.
Le jambon sans nitrites : un luxe
Les nitrites dans la charcuterie provoqueraient plus de 4 000 nouveaux cas de cancers par an, selon Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer. Et ces conservateurs pourraient être responsables d’autres maladies. Pour l’heure, aucune interdiction n’a été prononcée. Le gouvernement et les industriels ont seulement appelé à les réduire dans les produits alimentaires. Problème ? Selon l’association de consommateurs, tous les jambons petits prix en contiennent, à l’exception d’une marque, le jambon supérieur avec couenne Monique Ranou (Intermarché), à 14,58 € le kilo.
Pour le reste des jambons à petit prix, rien ne sert de regarder : ils contiennent tous des nitrites. Pour se débarrasser de ces conservateurs il faudrait se tourner vers des plus grandes marques, à des prix plus élevés.Ces derniers se vendent aux alentours de 21,29 € le kilo et pour un jambon de marque nationale sans nitrites, il faut plutôt compter entre 22,44 et 31,49 € le kilo. En substance, il est nécessaire de dépenser 20 % de plus (chez E. Leclerc) et même 65 % de plus (chez Auchan) pour acquérir un jambon sans nitrite d’une marque de distributeur équivalente, note 60 millions de consommateurs.
Pas de remise en question
En avril dernier déjà, l’association Foodwatch et la Ligue contre le cancer dénoncaient l’accentuation des inégalités « entre une population qui aura les moyens d’acheter de la charcuterie sans nitrite et des populations plus pauvres, qui, de ce fait, seront encore une fois délaissées et les plus exposées au risque de cancer ». Aujourd’hui, ils réitèrent leur indignation et ont fait part de leur mécontentement face à l’inaction du gouvernement et des marques distributeurs. « Le plan gouvernemental maintient ce marché à deux vitesses, avec des additifs nitrités pour les plus précaires et du ‘sans’ pour les plus riches. C’est scandaleux ! », a estimé auprès de l’association de consommateurs Camille Dorioz, responsable de campagnes pour l’association Foodwatch.
De leur côté, Carrefour et Auchan ont indiqué qu’ils n’ont pas du tout pour projet de produire un jambon sans nitrite premier prix. En revanche, Carrefour bio devrait se débarrasser des nitrites d’ici 2026.
